Fin mars 2022 : toutes voiles dehors !
Bienvenue dans cette revue de presse ! C’est un nouveau format d’article où je choisirai quelques actualités parmi les plus intéressantes dans le monde du New Space en 2022. Cette revue de presse sera bimensuelle. Pour comprendre pourquoi il est si important de s’intéresser à tous ces nouveaux acteurs du spatial, vous pouvez faire un tour au bilan de 2021 sur le blog.
La start-up française Gama se prépare à une démonstration de voile solaire à l’automne.
Ce n’est pas tout les jours qu’une start-up française parvient à faire parler d’elle. Si la plupart des médias l’ont fait, c’est plus pour souligner l’originalité du projet que du montant de sa levée de fonds : 2 millions d’euros. On ne va pas le nier, cela reste considérable en France pour un projet aussi original que la voile solaire. Les fonds provenaient notamment du CNES, de Bpifrance et d’investisseurs privés.
Gama prévoit d’utiliser ces fonds pour financer notamment une première mission test de voile solaire. Il s’agirait de déployer une voile solaire de 73.3 m² pliée à la main dans un cubesat. Il s’agit là de démontrer l’efficacité de leur voile solaire, utilisant juste la pression provenant d’impact des photons solaires sur la voile pour avancer. Cela ne génère qu’une faible quantité de mouvement mais il a déjà été démontré que ça pouvait marcher, la dernière fois en 2019 avec la mission LightSail 2 de la Planetary Society.
Suite à sa première démonstration, Gama prévoit une mission de test de navigation en 2023/2024, puis une mission interplanétaire en 2025 avec une charge utile de 20 kg, tirée par une voile de 400 à 500 m². En plus d’un changement de paradigme, Gama promet un changement des coûts radical pour ce genre de mission. Par exemple, une mission pour Vénus pourrait coûter entre 10 et 20 M$ au lieu de 500 millions comme aujourd’hui, un argument qui tente beaucoup le CNES.

Après Soyouz, la stratégie de l’ESA inclut le New Space
[Cf. LNNS précédente] Dure période pour le spatial européen, en pleine crise des lanceurs, dans l’attente d’un changement de génération de plus en plus en retard. La guerre en Ukraine a porté un coup dur à l’ESA, qui se retrouve à moyen terme… sans rien. Ariane 6 ne devrait pas voler avant 2023, la Soyouz ST qui disparaît (ainsi que les vols Soyouz via la Starsem), et la Vega en danger avec son étage supérieur provenant d’Ukraine.
C’est le moment ou jamais d’accélérer le processus de souveraineté européenne, et c’est ce que l’ESA compte faire pour les lanceurs. L’agence va proposer aux états membres de soutenir des compagnies du New Space dans le domaine des micro-lanceurs pour compléter la gamme Arianespace. L’ESA a demandé aux start-ups l’état actuel du développement de leur lanceurs pour voir lesquelles serait à même de prendre en charge des missions institutionnelles en souffrance.
Les mieux placées dans cette course contre le temps sont les allemandes RFA et Isar Aerospace, dont les tirs inauguraux devraient avoir lieu en 2023. Côté britannique et chez PLDSpace, cela prendra un peu plus de temps. En France, seul Venture Orbital Systems promet un tir inaugural de la Zéphyr au mieux en 2024.

SpaceX vire Spaceflight de ses vols rideshare
[Le vol Transporter-4 sera mentionné à la prochaine LNNS]
C’est une mystérieuse histoire qui a commencé entre SpaceX et la compagnie américaine Spaceflight Inc. Ce dernier est ‘’launch provider’’, une société qui organise l’interaction entre les satellites clients et la société qui fait les lancements. Avec la multiplication des vols orbitaux et des compagnies clientes ces dernières années, ces compagnies du New Space telles que Spaceflight, Exolaunch, Isilaunch, D-Orbit, et d’autres ont naturellement trouvé leur place. Elles sont en quelques sorte devenues des ‘’compagnies aériennes’’ de l’espace.
Aujourd’hui, ces compagnies se partagent les places disponibles dans plusieurs vols orbitaux pour les revendre. Généralement, elles proposent leur dispositif de déploiement, soit depuis l’étage supérieur du lanceur, soit avec un déployeur orbital. C’est notamment le cas de Spaceflight Inc., la première de ces compagnies à être arrivée sur le marché des vols spatiaux, et qui a développé un déployeur orbital nommé Sherpa.
Cependant, SpaceX a décidé de se passer du Sherpa. Cela remonte au vol Transporter 3 en janvier dernier. Peu avant, des tests ont indiqué des problèmes de propulsion du Sherpa, et SpaceX a décidé de les exclure du vol pour ne pas le retarder. Depuis, SpaceX a annoncé avoir décidé de ne plus inclure Spaceflight Inc. dans ses vols rideshare, manifestement sans même les avoir prévenu et en s’adressant directement à leurs clients. C’est un coup dur pour la compagnie basée à Seattle, qui était à bord de tous les autres vols rideshare de SpaceX, depuis le tout premier (SSO-A) en 2018.
NB : en conséquence de l’inflation, SpaceX s’est également résigné à augmenter les coûts de lancement de 10% ainsi que les tarifs d’utilisation du réseau Starlink (jusqu’à 20%)

En bref
100 M$ de plus pour Synspective
Grosse levée de fonds supplémentaires pour la compagnie japonaise. Synspective annonce avoir levé 100 M$ en série B avec l’aide d’investisseurs basés au Japon et à Singapour. La compagnie utilisera ces fonds pour accélérer le développement et la mise en orbite de sa constellation de 30 satellites SAR pour 2026 au plus tard.
Firefly prépare son prochain vol
Firefly Aerospace annonce avoir levé 75 M$ de nouveaux fonds privés. Dans la foulée, Firefly a annoncé se préparer à un nouveau vol de leur fusée Alpha au cours du printemps. Le tir inaugural s’était vite terminé par une autodestruction de la fusée dans le ciel de Vandenberg. La compagnie américaine va accélérer le développement de la version lourde Beta, afin de pouvoir proposer une solution à l’absence de Soyouz.
Le New Space américain au service du Pentagone face à la menace russe
Une première fois était arrivé peu après le début de l’invasion de l’Ukraine quand la compagnie HawkEye 360 avait perçu des interférences GPS dans la région avec son réseau de satellites de surveillance du trafic. De plus en plus, le Pentagone utilise les services et les ressources des compagnies du New Space à des fins opérationnelles. Dernièrement, l’US Space Force va aussi utiliser les données fournies par la constellation des cubesats de Spire pour détecter ces interférences.

Ouverture : le New Space américain dans la course à l’espace cis-lunaire
C’est tout un business qui est en train de naître autour du programme Artemis/Gateway sous leadership américain. On doit notamment cette prouesse à l’ancien directeur de la NASA (sous le mandat Trump) Jim Bridenstine. Aujourd’hui, le New Space s’est emparé du marché cis-lunaire. Dernièrement, une nouvelle start-up s’est joint à la compétition pour apporter un réseau de télécommunications à haute vitesse autour de la Lune.
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