Mi-mars 2022 :
Bienvenue dans cette revue de presse ! C’est un nouveau format d’article où je choisirai quelques actualités parmi les plus intéressantes dans le monde du New Space en 2022. Cette revue de presse est la troisième, elle sera bimensuelle. Pour comprendre un peu pourquoi il est si important de s’intéresser à tous ces nouveaux acteurs du spatial, vous pouvez faire un tour au bilan de 2021 sur le blog.
Astra revient en vol et lance son premier satellite
Ultime épreuve enfin passée pour Astra et sa fusée légère Rocket 3 ! Ce mardi 15 mars, la compagnie américaine a réussi le tir de la Rocket 3 (LV0009), depuis l’île de Kodiak, en Alaska. C’est une étape très importante pour Astra car c’est la première fois qu’ils parviennent à mettre un satellite en orbite. On a toutefois eu une petite frayeur quand l’annonce du succès de la mise en orbite est arrivée plus tard que prévue.
Il y avait en réalité trois satellites passagers du vol LV0009, tous les clients sont passés par le broker Spaceflight Inc. :
- EyeStar-S4 (aussi appelé S4 Crossover) : petit satellite de démonstration technologique de NearSpace. Son but est de tester des technologies de communications inter satellites. Il est resté attaché à l’étage supérieur de la Rocket 3.
- OreSat0 : cubesat 1U développé par la Portland State Aerospace Society, un groupe étudiant. Il devait initialement être lancé en janvier à bord du vol multiple Transporter-3 de SpaceX mais le déployeur orbital de Spaceflight n’était prêt.
- Le troisième passager n’a pas été communiqué, peut être Swarm Technologies ?
Le vol LV0009 n’est pas le premier succès de la Rocket 3 mais le second. Seulement, le premier était un vol test réservé par l’US Air Force sans aucun satellite à mettre en orbite. Astra a surtout très vite repris la barre suite à l’échec du vol LV0008 le 10 février. Une erreur de design avait conduit à une séparation ratée de la coiffe, condamnant le vol. Astra intègre donc pleinement cette étroite communauté de lanceurs opérationnels prêts à recevoir des vols commerciaux. Une fusée de plus pour le New Space !

Après Soyouz, voler avec qui ? L’occasion en or pour le New Space pour être au service de la souveraineté
Dure période pour l’accès à l’espace. La guerre en Ukraine bouleverse le fragile de la disponibilité des lanceurs dans le monde. La Soyouz se retrouve cantonnée aux clients russes, et clouée au sol à Kourou. Du coup, avec qui voler ?
- Europe : catastrophe. Ariane 5 bientôt à la retraite, Ariane 6 en retard, la Vega suspendue à la capacité de l’Ukraine de lui envoyer son étage supérieur. Les fusées allemandes de RFA ou Isar Aerospace ne sont pas prêtes.
- Etats-Unis : Atlas V, complète jusqu’à la retraite, Antarès remise en question avec son premier étage ukrainien avec moteurs russes désormais indisponibles. Certains comme AST Space Mobile se précipitent sur la Falcon 9 de SpaceX. La Neutron de Rocket Lab ne sera pas prête avant des années, la Terran-R de Relativity Space non plus…
- Inde : les vols sont déjà réservés sur des années et le programme spatial civil du pays a plusieurs années de retard à cause de la crise sanitaire. C’est une option de choix pour l’Indo-britannique OneWeb qui cherche fusée pour ses 240 comsats qui devaient initialement voler en Soyouz.
- Chine : le New Space n’est pas tout à fait prêt pour répondre aux demandes outre frontière. La CASC est réserve essentiellement ses fusées aux programmes civils et militaires du pays. Il n’y a encore aucun équivalent de la Soyouz dans le New Space chinois.
De manière générale, les équivalents Soyouz disponibles dans le monde sont très rares. L’attente risque encore d’augmenter dans ces conditions nouvelles. L’autre problème avec la Russie est que le pays est aussi un grand exportateur de moteurs satellites. Il faudra probablement trouver d’autres fournisseurs. En Europe, le maître mot de la situation est souveraineté. Pour cela, il faudra aller au-delà du programme Ariane, une occasion en or pour le New Space.

Yinhe, le début des constellations internet chinoises
Le 5 mars, la CASC (China Aerospace Science and Technology Corporation) a mis en orbite six satellites de la constellation Yinhe de la compagnie privée chinoise Galaxy Space. Ce sont les premiers maillons d’une constellation de 144 satellites pesant chacun près de 230 kilos construits par la Shanghai Academy of Spaceflight Technology, une branche de la CASC. La propulsion de ces satellites se fera à effet Hall.
Yinhe n’est que la première constellation internet chinoise. Elle devrait apporter la 5G dans le pays. Ces six éléments ne serviront qu’à des tests, ils forment la ‘’Mini-spider constellation’’, en attendant les autres. De son côté, l’Etat chinois se prépare à lancer les premiers éléments de sa constellation internet de 13 000 satellites, comme indiqué auprès de l’ITU.

En bref
Skyrora inaugure son centre de test moteur
La start-up de micro-lanceur écossaise a pour but de réaliser un premier tir de la Skyrora-XL dans les prochaines années. Le lanceur sera capable d’emporter jusqu’à 315 kg de charge utile en orbite basse. Le site testera son moteur, d’une capacité de 70 kN de poussée.
Nouveaux venus dans le monde des micro-lanceurs français
Apparue l’été dernier, la start-up Dark a pour but de développer un micro-lanceur aéroporté pour un premier vol en 2026. Le lanceur comptera deux étages et sera capable d’emporter jusqu’à 300 kg de charge utile en orbite basse. Dark a commencé à discuter avec le CNES et la DGAC (Direction Générale d’Aviation Civile) pour les autorisations de largage depuis l’espace aérien français.
Une autre start-up, catalane, a décidé de venir installer une filiale à Toulouse et commence à recruter. Il s’agit de Pangea Aerospace, basée à Barcelone, qui vise à construire un micro-lanceur à propulsion hybride avec tuyère aerospike.
Une constellation nanosatellites pour la météo
La compagnie américaine Acme AtronOmatic, à l’origine de l’application météo MyRadar, a obtenu le feu vert de la FCC pour lancer une constellation de démonstration nommée HORIS et comptant au moins 250 nanosatellites. Les premiers éléments seront des picosatellites au format PocketCube (cube de 5 cm de côté) et seront lancé en avril par un vol Electron. Acme prévoit d’utiliser du machine learning pour fusionner les données d’HORIS avant de les mettre à disposition des utilisateurs de MyRadar ou autres clients.

Levées de fonds en hausse en Europe
Toutes les semaines, on regarde quelles sont les heureuses élues des financiers. Le New Space dépend avant tout du financement public en termes de demande, mais pour les lancer c’est au privé de les aider. Entre fonds d’investissements et Venture Capital, on arrose ces boîtes à idées de technologies spatiales. Ces deux premières semaines de mars, on a déjà plusieurs exemples de levées de fonds comme avec Kymeta (USA, 84M$), Slingshot Aerospace (USA, 25 M$), ou encore la start-up espagnole Celestia Aerospace qui lève 100 M€ pour construire une usine de production de cubesats.
Jamais le soutien du privé en Europe n’a été aussi fort, et il continue de croître.

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