Les News du New Space [6]

Mi-avril 2022 :  quelle place pour la science ?

Bienvenue dans cette revue de presse ! C’est un nouveau format d’article où je choisirai quelques actualités parmi les plus intéressantes dans le monde du New Space en 2022. Cette revue de presse sera bimensuelle. Pour comprendre pourquoi il est si important de s’intéresser à tous ces nouveaux acteurs du spatial, vous pouvez faire un tour au bilan de 2021 sur le blog.

Prométhée, la nouvelle start-up du New Space français s’offre un gros coup de boost

La start-up francilienne est très récente : fondée en 2020. Le 12 avril, elle a annoncé avoir obtenu 4.72 millions d’euros de financements. Un an et demi plus tôt, elle était déjà parvenu à lever 2.2 millions d’euros. Prométhée a également annoncé lancer le développement de son tout premier satellite : ProtoMéthée-1. Cette levée de fonds annoncée n’est que, d’après la compagnie, le premier volet d’un financement portant au total sur près de 15 millions d’euros.

Parmi les financeurs, le CNES et BPI France qui sèment de plus en plus d’outils de financements, d’accompagnement et d’accélération de start-ups du New Space français. Le financement de Prométhée s’inscrit notamment dans le cadre de programmes de relance.

ProtoMéthée-1 est le premier élément d’une future constellation de nanosatellites d’observation de la Terre. Prométhée a choisi le fameux constructeur lituanien NanoAvionics pour fournir la plateforme. La start-up française fournira la charge utile, à savoir des capteurs optiques ‘’de dernière génération’’ ainsi que des capteurs hyperspectraux. La constellation promet d’assurer une résolution temporelle des observations équivalente à du temps réel. Déjà plusieurs pays sont intéressés, dont le Nigéria. Prométhée souhaite disposer de quatre constellations d’ici 2027.

Transporter-4, nouveau bus spatial de SpaceX avec une quarantaine de passagers à bord

Les vols rideshare proposés par SpaceX à destination de l’orbite héliosynchrone sont de plus en plus fréquents. En effet, il est prévu d’en réaliser au moins quatre par an. C’était plus attendu par les opérateurs du New Space qui attendent une opportunité de déployer leur satellite. Transporter-4 est le dernier de ces vols multiples. C’était l’occasion pour SpaceX d’utiliser une septième fois son booster B1061. Une fois de plus, SpaceX a chassé l’intermédiaire Spaceflight Inc. de ses vols rideshare.

Le passager principal était un satellite d’observation de l’agence spatiale allemande, EnMAP, pesant près d’une tonne. Il était accompagné de plusieurs autres satellites d’observation appartenant à des compagnies du New Space spécialisées dans l’imagerie. Parmi elles, il y avait l’argentine Satellogic S.A. avec cinq satellites ÑuSat à bord. La compagnie continue de déployer sa constellation à bord de fusées Falcon 9, après avoir plusieurs fois volé à bord de fusées chinoises.

Un autre satellite d’imagerie terrestre à bord était un petit satellite de la start-up indienne Pixxel, c’est un des tous premiers satellites privés indiens à être mis en orbite. Le vol Transporter-4 avait à bord plusieurs satellites de suivi de trafic, dont trois éléments Hawk de la compagnie américaine HawkEye360, et quatre cubesats 6U de la constellation KSF de Kleos Space. Il y avait également un satellite de la constellation GNOMES de PlanetiQ, qui a pour but de fournir des données météo par occultation radio.

Il y avait également à bord plusieurs satellites de démonstrations technologiques, comme MP42 de NanoAvionics qui doit tester une nouvelle plateforme satellite. Il y avait également quelques satellites prototypes de constellations de communication en orbite basse comme Spark 1 d’OmniSpace, et Lynk 5 de Lynk Global. Enfin, en termes de communication, il y avait – comme toujours – une douzaine de picosats SpaceBEE de Swarm Technologies.

Plusieurs satellites universitaires étaient à bord, dont une micro-serre spatiale autonome chilienne dans un cubesat 3U. Il y avait aussi un cubesat expérimental de la défense norvégienne. Enfin, il y avait à bord un cubesat français : BRO 7, nouvel élément de la constellation de la start-up bretonne UnseenLabs, spécialisée dans la détection de signaux électromagnétiques de navires ayant coupés leur signal AIS, idéal pour suivre les mouvements de pirates des mers par exemple.

Visuel d’un cubesat BRO (Breitz Reconnaissance Orbiter, UnseenLabs)

En bref

Rocket Lab réalise son 25ème tir Electron

C’est un tir symbolique pour la compagnie américaine. Si tous n’ont pas été un succès, ils se sont tous déroulé en seulement cinq ans. Avec 25 tirs au compteur, l’Electron est désormais fiable à 88% (trois échecs au compteur). Le dernier tir Electron a eu lieu le 2 avril depuis Mahia Peninsula avec à bord deux satellites d’imagerie terrestre de BlackSky Global.

Rocket Lab a annoncé que le prochain (prévu à partir du 24 avril) sera le premier avec tentative de récupération du booster principal. Rocket Lab a également annoncé avoir commencé les travaux de l’usine de développement de la Neutron.

Exotrail prépare son déployeur orbital

Ils l’appellent le SpaceVan et il sera à propulsion électrique. C’est le futur déployeur orbital en cours de développement chez la start-up française. Un premier vol a été annoncé pour 2023, à bord d’un vol SpaceX, sans doute un vol Transporter. Trois autres vols suivront en 2024. A l’instar du Sherpa de Spaceflight, ou de l’ION-SCV de D-Orbit, le SpaceVan pourra embarquer des nanosatellites et les déployer sur des orbites différentes de celle sur laquelle il aura été déployé par le lanceur. Cette flexibilité est de plus en plus demandée aujourd’hui.

Visuel du déployeur orbital SpaceVan (Exotrail)

Amazon et sécurisation de Falcon 9, faute de Soyouz.

C’est un méga – voire giga – contrat qui a été signé par Amazon : un total de 83 vols pour déployer d’ici 2026 la moitié de sa mégaconstellation satellite internet Kuiper. Seul lanceur moyen-lourd occidental exclus de la répartition : la Falcon de SpaceX. Suite à l’annonce, plusieurs autres opérateurs ont également annoncé des réservations de vols Falcon 9 pour des satellites qu’ils ne peuvent plus déployer avec la Soyouz russe. Petit à petit, l’ère post-Soyouz se profile ?

Ouverture : le profit du spatial au péril de la science ?

Sa mise en garde a été moquée par les fans de SpaceX, mais reste sérieuse : le sénateur américain démocrate Bernie Sander a exprimé ses craintes de voir petit à petit l’exploration scientifique spatiale passer entre les mains d’acteurs privés. Il est vrai que si la maîtrise d’œuvre de ses missions reste entre les mains des agences, une partie de la réalisation est désormais confiée au privé, dont le New Space. Et si peu à peu l’initiative venait de ces nouveaux acteurs, à priori novices en sciences ? Nous avons déjà une mission pour Vénus qui est actuellement proposée par Peter Beck et sa compagnie Rocket Lab. Peut-on craindre de les voir remplacer les agences à la façon de « Don’t Look Up » ?

Ce que l’on voit, c’est une profonde transformation des agences spatiales occidentales. Jim Bridenstine y a fortement œuvré pendant son mandat. Le président Macron l’a également décidé en passant la tutelle du CNES du Ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, au Ministère de l’Economie. Tout bénéfice pour l’industrie spatiale française, mais aux pertes des programmes scientifiques ? C’est le message de l’actuelle grève massive en cours au CNES, une première dans l’histoire de l’agence fondée il y a 60 ans. Ce n’est qu’une ouverture, mais il y aurait tellement à dire…

Dans le film Netflix  »Don’t Look Up », un des personnages clés est le mégapatron sir Peter Isherwell nous rappelle un peu de Musk, Bezos, Brandson et de Steve Jobs. Le film lui donne un pouvoir absolu. Si nous n’en sommes pas encore là, on peut tout de même noter que le Congrès a voté pendant un an pour que le programme lunaire Artemis de la NASA ne repose que sur les prouesses du Starship. (Netflix)

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