Les News du New Space: Save Ariane 5

Bienvenue dans cette revue de presse du New Space ! Ici, nous balayons les différentes nouvelles venant du New Space, et de l’écosystème spatial qui se crée et qui se réinvente. La revue sort désormais le lundi, autant que possible. Découvrez aussi mes portraits du New Space en adhérant à Espace & Exploration !

Le dernier tir Ariane 5 est désormais prévu pour le 16 juin. Après cela, faute de Vega-C opérationnelle, Arianespace va faire décoller quelques derniers exemplaires de Vega normale (deux vols sont prévus), et ainsi le CSG changera définitivement de génération de lanceurs européens. Mais était-il prudent d’enterrer Ariane 5 si tôt ? Les retards d’Ariane 6 (reconnus depuis plus de trois ans) semblaient inévitables, Covid ou pas, au vu du développement des autres lanceurs de nouvelle génération issus d’un long héritage, tels que la Vulcan d’ULA (pas encore décollé) ou la H-III au Japon (échec du tir inaugural). Sachant cela, pourquoi ne pas avoir relancé la production d’Ariane 5 pour combler le vide ?

Lanceurs : A l’affût des tirs inauguraux

La question se pose de plus en plus : reste-il de la place à Cap Canaveral ? De plus en plus de pas de tir sont occupés et l’US Space Force tente de trouver des solutions à un risque de congestion. De son côté, SpaceX souhaiterait pouvoir réutiliser encore plus un booster de Falcon, en passant d’une limite de 15 à 20 vols. Enfin, SpaceX vient de recruter Kathy Lueders, qui venait de quitter son poste de directrice des vols habités à la Nasa.

PLDSpace se prépare à un tir test imminent

Le 18 mai, la start-up espagnole a réalisé une mise à feu statique de la Miura-1 sur son pas de tir. Le moteur Teprel du démonstrateur suborbital a été allumé pendant 5 secondes. Cela ouvre la dernière ligne droite vers le tir. L’agence spatiale espagnole, l’INTA, a d’ailleurs donné son feu vert pour plusieurs fenêtres de tir d’ici le 31 mai.

Virgin Orbit : que va devenir Cosmic Girl avec Stratolaunch ?

Stratolaunch a racheté pour 17 M$ tous les assets aéronautiques de Virgin Orbit, qui est actuellement sous la protection du Chapitre 11 de la loi des faillites des Etats-Unis. La cour en charge a accepté l’accord, qui n’a pas été publié. Le Boeing 747 modifié Cosmic Girl va donc changer de propriétaire. Qu’en est-il des vols LauncherOne, le micro-lanceur largué par Cosmic Girl ? On l’ignore. De plus, Stratolaunch opère déjà un autre avion gigantesque, le Roc, pour larguer des prototypes d’appareils supersoniques.

Largage d’un prototype d’avion suborbital par le Roc le 13 mai (Stratolaunch, Christian Turner)

Astra Space et Momentus en manque de cash

Les deux compagnies font actuellement face à un potentiel manque de liquidités qui pourrait les empêcher d’être opérationnelles l’année prochaine, selon des communications de la SEC (Securities and Exchange Commission, le gendarme de la bourse). Astra et Momentus ne semblent pas avoir réussi leur pari de lever suffisamment d’argent en s’introduisant en bourse via un SPAC. Ce pari a échoué avec beaucoup d’autres compagnies du New Space aux Etats-Unis. Au cours du premier trimestre 2023, Momentus a perdu près de 20 M$. La compagnie a pourtant des clients, et vient de réserver des places dans tous les vols Transporter de SpaceX de 2024, pour des missions de ses déployeurs orbitaux Vigoride. De son côté, Astra a perdu près de 45 M$ lors du dernier trimestre, prenant du retard dans la livraison de moteurs satellites.

Pleins feux sur l’orbite basse 

A l’occasion du G7 au Japon, les ministres dédiés aux affaires spatiales des pays membres se sont réuni pour discuter de la question des débris spatiaux. La question avait précédemment été soulevée l’année dernière, quand le G7 s’était réuni à Cornwall, au Royaume-Uni. La question sera de plus en plus importante avec l’augmentation des vols d’astronautes privés. La mission Axiom-2 est d’ailleurs partie pour l’ISS ce dimanche, conduite par Peggy Whitson et comptant deux astronautes saoudiens à bord.

OneWeb prépare sa nouvelle génération

En plus d’une première quinzaine de satellites de secours, OneWeb a mis en orbite un premier démonstrateur de satellite de communication de nouvelle génération, du nom de JoeySat, en partenariat avec l’ESA et l’agence spatiale britannique. JoeySat et ses compagnons ont été mis en orbite par SpaceX depuis Vandenberg le 19 mai avec 5 satellites d’Iridium.

La Chine lance un appel à l’industrie pour ravitailler sa station spatiale en cargo

L’agence spatiale chinoise a besoin de cargo privé pour ravitailler la station ainsi que pour rapporter du fret sur Terre. La Cnsa souhaite réduire le prix de ce type de transport, actuellement assuré par la CASC avec les cargos Tianzhou. Le cargo devra disposer d’un espace pressurisé d’au moins 7 m3 et d’une capacité de livraison en orbite basse d’au moins 1800 kg. C’est la première fois que la Cnsa lance un appel à des solutions commerciales dans le domaine du vol habité (à l’instar du programme CRS des cargos américains).

Terran Orbital construit une nouvelle usine

La compagnie américaine vient de lancer le chantier de sa nouvelle usine à Irvine, Californie. L’installation fera plus de 7800 m². Elle comptera une ligne d’assemblage, d’intégration et de test satellite et compte y produire tous ses satellites à l’avenir.

Le New Space (presque) sur la Lune

C’est sans doute l’actualité qui a le plus marqué la semaine dernière. Le 19 mai, la Nasa a annoncé qui fournira l’atterrisseur lunaire (Human Landing System – HLS) pour les missions Artemis V, et autres ultérieurement. Le choix s’est porté sur la proposition faite par l’équipe National Team, dirigée par Blue Origin, comptant entres autres Boeing et Lockheed Martin. Ce nouveau HLS servira de redondance, après le choix du Starship de la Nasa.

Alors que les futures missions connexes au programme Artemis approchent, certains alarment sur une possible surpopulation satellites en orbite lunaire. D’après ce contributeur sur Forbes, le nombre de satellites en orbite lunaire pourrait dépasser le millier en 2030 ! L’US Air Force Research Laboratory a déjà demandé à l’Université d’Arizona de développer un catalogue des objets en orbite lunaire à partir de capteurs terrestres.

Statistiques : en pleine accélération

Ces quatre premier mois de 2023 en quelques statistiques :

  • 63 tirs, dont 5 échecs
  • 26 tirs Falcon 9
  • 17 tirs chinois
  • 990 satellites déployés avec succès (missions NROL comptées comme une seule charge utile), dont 111 cubesats et 618 Starlink.

Les News du Newspace : Old Cnes

15 mai 2023

Bienvenue dans cette revue de presse ! La revue sort désormais le lundi, autant que possible. Découvrez aussi mes portraits du New Space en adhérant à Espace & Exploration !

Alerte au Cnes ! La Cour des Comptes a rendu son rapport sur la gestion du Cnes. Les finances sont saines mais une problématique est ressortie. Le personnel du Cnes est vieillissant, très vieillissant : 33% des effectifs auront 62 ans en 2025 et 58% de l’effectif a plus de 45 ans. Un jeune travailleur de moins de 35 ans sur quatre ne reste pas au sein de l’agence, qui n’arrive pas à être suffisamment attractive face au privé. Le Cnes a-t-il été sacrifié au développement de l’économie spatiale en France ? Qui, désormais, sera garant des compétences ? Le problème semble dépasser les frontières du Cnes, voire de notre pays.

Lanceurs : A l’affût des tirs inauguraux

Bonne nouvelle du côté du développement d’Ariane 6 : l’ESA a enfin décidé de faire des mises à jour mensuelles sur le développement. Le calendrier reste toutefois très (trop) serré pour assurer un tir inaugural à la fin de l’année. Si tout va bien, l’assemblage final du modèle de vol et la campagne de tir débutent seulement en novembre. Certains comme OHB disent désormais publiquement que le vol ne peut avoir lieu avant 2024. Pourtant, les officiels comme Philippe Baptiste sont beaucoup plus confiants qu’en janvier. Plusieurs problèmes ont été résolus.

Rocket Lab se voit en leader des micro-lanceurs

De toutes les compagnies opérant des mini et micro-lanceurs aux Etats-Unis, Rocket Lab est celle qui souffre le moins, et surtout la seule qui vole. Ainsi, lors de l’annonce des résultats du premier trimestre 2023, e PDG Peter Beck n’a pas caché sa confiance. Même si les prix restent élevés (autour de 6 M$ le vol pour 200 kg de charge utile maximum en orbite basse), et la cadence trop faible pour être profitable, les tirs Electron sont de plus en plus nombreux et gagnent de plus en plus de clients. Rocket Lab a annoncé l’ajout de 4 cubesats Starling de Swarm technologies pour un prochain vol rideshare. La diversification des activités permet la rentrée d’autres recettes. D’ailleurs, Rocket Lab a annoncé avoir livré la très particulière plateforme satellite pour la première mission de Varda Space.

Porte de sortie pour Virgin Orbit

Toujours sous la protection du Chapitre 11 de la loi des faillites, Virgin Orbit semble bientôt trouver un nouvel acquéreur. Le 8 mai, la compagnie annonçait avoir reçu plus de 30 indications d’intérêt approuvés par la Cour. La deadline de réception des dossiers a d’ailleurs été repoussée de quelques jours jusqu’au 19 mai. Cela pourrait sous-entendre une reprise des activités dès cette année, alors que les causes de l’échec du vol depuis le Royaume-Uni ont été identifiées. Reste toutefois à retrouver le personnel, dont 85% avait été licencié. Toutefois, le repreneur pourrait ne pas vouloir reprendre les opérations.

L’Australie réduit son soutien aux projets d’astroports

Le gouvernement australien a décidé de couper le budget fédéral dédié au spatial de 77 M$, dont 32.3 M$ dédiés à l’investissement dans des projets d’astroport. C’est un coup dur pour les projets d’astroports en Australie. Certains existent déjà, tels que Arnhem, mais aucun ne peut assurer de tir orbital.

Pleins feux sur l’orbite basse 

Le climat est lourd pour les concurrents à Starlink. L’opérateur canadien Telesat a décidé de reporter le déploiement de sa constellation Lightspeed (200 satellites) à 2026, suite à des délais de financements. De son côté, Eutelsat, premier actionnaire, souhaite pouvoir améliorer le service de OneWeb, alors que les ventes chutent. Le business de OneWeb commence à poser question.

Endurosat lève 10 M$

Cette levée de fonds (en série A) a été pilotée par un fonds basé au Luxembourg, avec d’autres investissements venant d’Allemagne. Cela permettra à Endurosat de monter son activité en puissance, choisir des technologies plus innovantes, et augmenter ses ressources humaines. C’est une avancée importante pour la compagnie basée en Bulgarie, et qui a aussi des bureaux à Toulouse. Avec plusieurs vols en cours, Endurosat est un des acteurs du New Space européen qui arrive à très bien s’exporter. Ils proposent un service de plateforme satellite partagée entre plusieurs charges utiles.

ThrustMe signe un nouveau contrat avec Turion Space

La start-up francilienne fournira le système de propulsion au satellite pionnier DROID.002 de Turion Space. ThrustMe fournira plusieurs petits moteurs d’un volume de 1.5U. Le satellite sera un des premiers d’une petite constellation de surveillance du trafic spatial, notamment des débris.

Momentus signe un nouveau contrat avec SpaceX

Momentus sera désormais à bord de tous les vols Transporter de SpaceX en 2024. Ses clients pourront être déployés en orbite héliosynchrone de façon plus précise à l’aide du déployeur orbital Vigoride. Ce dernier peut aussi embarquer des charges utiles fixes. Trois vols Transporter sont prévus en 2024 : janvier, juin, et octobre.

Momentus a aussi annoncé le 8 mai dernier avoir réussi le test de démonstration d’un moteur ionique utilisant de l’eau comme carburant, avec la mission Vigoride 5. Le déployer orbital a réussi à monter en altitude. (vue d’artiste, Momentus)

Le New Space (presque) sur la Lune

Cette séquence va prendre de plus en plus d’importance dans la revue LNNS. De plus en plus d’acteurs sont impliqués et l’économie lunaire mérite plus de lumière !

Intuitive Machines voit son premier vol reporté

Le décollage était initialement prévu pour juin, à destination du cratère Malapert A, non-loin du pôle sud sélène. Désormais, le lander Nova-C ne pourra pas arriver à Cap Canaveral avant le milieu du troisième trimestre. Le lander embarquera plusieurs charges utiles de la Nasa.

Lunar Flashlight : la Nasa abandonne le cubesat

C’est terminé pour le cubesat développé par le JPL. Il était passager secondaire d’Hakuto-R. Depuis plusieurs mois, le cubesat a des problèmes de motorisation. Après des mois d’effort, il a été décidé de mettre fin de la mission. Lunar Flashlight devait régulièrement survoler le pôle sud sélène, mais le cubesat n’a jamais réussi à se placer en orbite de transfert. La Nasa rappelle que c’était avant tout une mission de démonstration, et son expérience servira aux autres projets de nanosats en mission lunaire.

Toulouse, “capitale du New Space”

A l’issue de cette nouvelle édition du Space Forum, organisé par La Tribune à la Cité de l’Espace, on note quelques prises de positions intéressantes. Il y avait notamment celle de Géraldine Naja, directrice de la commercialisation, de l’industrie et des contrats à l’ESA, qui appelle à « un changement de culture », pour parler le même langage que les start-ups, et penser à la même vitesse. Ce discours ne reflétait pas encore l’idée d’être client de ces start-ups dans un futur proche. Plusieurs intervenants ont néanmoins plaidé pour « plus de commande publique », à plusieurs reprises.

Il a été également souligné que le New Space prenait de plus en plus de place dans l’écosystème, à travers les partenariats avec les grands industriels tels qu’Airbus ou Thalès, pour répondre aux appels d’offre de France 2030, ou pour la constellation Iris2 de la Commission Européenne.

Enfin, une dernière cartographie du New Space a été dévoilé au Space Forum. Le prochain rendez-vous pour le New Space est prévu pour les 7 et 8 juillet à Paris, à l’occasion des Assises du New Space.

Nouvelle cartographie du New Space européen (Toulouse Space Team).

Statistiques : en pleine accélération

Ces quatre premiers mois de 2023 en quelques statistiques :

  • 63 tirs, dont 5 échecs
  • 26 tirs Falcon 9
  • 17 tirs chinois
  • 990 satellites déployés avec succès (missions NROL comptées comme une seule charge utile), dont 111 cubesats et 618 Starlink.

Les News du New Space : 4000

9 mai 2023

Bienvenue dans cette revue de presse du New Space ! Ici, nous balayons les différentes nouvelles venant du New Space, et de l’écosystème spatial qui se crée et qui se réinvente. La revue sort désormais le lundi, autant que possible. Lundi 8 mai étant férié, le LNNS sort exceptionnellement ce mardi.

La presse est restée discrète à ce sujet. Peut-être est-ce parce que cela fait des années qu’on atteint des nombres devenus impossibles à imaginer. Ce vendredi 4 mai, SpaceX réalise un nouveau déploiement Starlink. Avec cette nouvelle tranche, SpaceX dispose désormais de plus de 4000 satellites Starlink opérationnels en orbite, sur un total de 4340 lancés en à peine 4 ans…

Lanceurs : A l’affût des tirs inauguraux

La cadence continue de monter chez SpaceX. La compagnie a d’ailleurs obtenu le feu vert pour posséder un nouveau pas de tir Falcon à Vandenberg. Côté européen, Stéphane Israël pense que le Vieux Continent ne disposera pas de lanceur réutilisable avant les années 2030. Pour rappel, l’objectif fixé par Emmanuel Macron est d’avoir un tir inaugural de lanceur réutilisable d’ici 2026. Toutefois, l’ESA a lancé le programme Protein pour inciter les industriels à réfléchir au développement de lanceurs super-lourds à l’instar du SLS ou du Starship. Chez les plus petits, l’actu est riche.

Rocket Lab lance deux satellites TROPICS de la Nasa

Après une semaine de reports suite à une météo difficile, une fusée Electron décolle de Mahia Peninsula le 8 mai avec à bord deux cubesats 3U de la constellation TROPICS de la Nasa et du MIT. Ces satellites sont destinés à étudier les orages tropicaux. Une autre paire de cubesats sera lancée dans les prochaines semaines. Rocket Lab avait récupéré le contrat de déploiement après qu’Astra Space perde une première paire de cubesats au cours d’un nouvel échec de la Rocket 3. Ce dernier avait d’ailleurs mis fin à la difficile carrière du lanceur.

Après Rocket 3, Astra Space dévoile la Rocket 4

La réponse devait être rapide pour la survie d’Astra Space. Une dizaine de mois après l’échec mettant fin à la Rocket 3, Astra Space a bien avancé. Les causes de l’échec ont été identifiées, et un premier modèle de la Rocket 4 a été dévoilé au public. Astra Space précisait fin mars que le calendrier du développement sera respecté en vue d’un tir inaugural à la fin de l’année. Plus puissante que sa malheureuse prédécesseuse, Rocket 4 pourra emporter jusqu’à 600 kg de charge utile en orbite basse. La motorisation de son étage supérieur sera d’ailleurs fournie par start-up Ursa Major. Un contrat de vol a été également signé avec l’US Space Force.

Latitude recrute 100 personnes pour accélérer le développement de la Zéphyr

La deadline d’un premier vol en 2024 approche à grands pas. Après une série de tests du moteur Navier (imprimé 3D) aux îles Shetland, Latitude veut accélérer le développement de son micro-lanceur et lance sa grande campagne de recrutement : 100 collaborateurs sont attendus. L’équipe en compte actuellement 70 à Reims. Tous types de postes sont ouverts !

Orbex débute le chantier de son pas de tir

Après des années de retards et de recours en justice, le Sutherland Spaceport va enfin voir le jour, son chantier a commencé. Orbex y opèrera son micro-lanceur Prime. Son pas de tir lui a été alloué pendant 50 ans. Prime sera capable de placer jusqu’à 180 kg de charge utile en orbite basse. De son côté, le Spaceport Cornwall tente de se redéfinir après l’échec du vol LauncherOne, pour accueillir d’autres clients. En effet, si LauncherOne a échoué, le reste des infrastructures de l’astroport ont fonctionné correctement.

HyImpulse se donne le feu vert pour un premier tir suborbital

Le 26 avril, la start-up allemande achève sa huitième campagne de tests du moteur hybride HyPLOX75, aux îles Shetland. Ce progrès technique (inédit pour un moteur hybride) donne le feu vert à HyImpulse pour tenter un tir suborbital de démonstration, qui servira à qualifier le moteur au cours d’un essai en vol. Le décollage devrait avoir lieu dans la seconde moitié de 2023.

Pleins feux sur l’orbite basse 

La constellation de communication en orbite basse de la Commission Européenne avance à grand pas. Le 2 mai, plusieurs gros industriels européens ont formé un consortium afin de répondre à l’appel d’offre : Airbus Defence & Space, Thalès Alenia Space, Eutelsat, SES, et Hispasat. Le consortium entend vouloir s’ouvrir aux autres acteurs, le New Space pourrait bien en faire partie.

G-Space place son premier cubesat en orbite géostationnaire

Le cubesat 16U de la compagnie Gravity Space était passager secondaire du second vol Falcon Heavy de l’année. Pour placer le passager principal (le satellite de télécommunication ViaSat-3, 6400 kg) directement en orbite géostationnaire, tous les boosters de la Falcon Heavy ont été utilisés en mode non-réutilisable. Ce genre de tir avec la très puissante Falcon Heavy permet d’éviter les dépenses en carburant pout passer de l’orbite de transfert à une orbite géostationnaire circulaire. Cela garantit une bien meilleure espérance de vie. Passager secondaire, G-Space 1 a pu être placé, lui aussi, en orbite géostationnaire. Rares sont ces opportunités pour les cubesats d’atteindre une si lointaine destination. G-Space 1 servira de plateforme hébergeant plusieurs charges utiles de communication mais aussi de surveillance du trafic spatial. Le cubesat fonctionnera pendant 15 ans.

Exotrail enchaîne les contrats

La start-up française a été sélectionnée pour fournir des systèmes de propulsion au constructeur Satrec Initiative. Ces systèmes équiperont un satellite gouvernemental de Corée du Sud. Exotrail a également signé un contrat de partenariat avec la start-up française RIDE! space. Cette dernière propose aux opérateurs satellites de booker leur vols via leur plateforme. Le partenariat permettra d’inclure dans l’offre les déployeurs de cubesats développés par Exotrail.

BlackSky souhaite continuer d’opérer des satellites vidés de leur carburant

La compagnie américaine opère toute une flotte de satellites d’imagerie terrestre en orbite basse. Deux d’entre eux sont à cours de carburant : Global 7 et 8, mis en orbite en août 2020. Il n’a pas été spécifié pourquoi ils sont à cours de carburant si tôt. L’altitude des deux satellites s’apprête à descendre sous la limite des 385 km. En-dessous, la licence de BlackSky ne permet plus à la compagnie de poursuivre ses opérations. Dans une demande transmise à la FCC, la compagnie souhaite descendre cette limite à 340 km d’altitude.

Vue d’artiste des satellites BlackSky Global. (BlackSky)

Spire et AuroraTech gagnent un contrat pour détecter des feux de forêts depuis l’orbite

Alors qu’un grand feu est en train de sévir dans l’Alberta et a déjà rasé plus de 400 hectares, l’agence spatiale canadienne a octroyé un contrat à Spire Global (via sa filiale ExactEarth) et AuroraTech pour tester des méthodes de détection de feux. La mission WidfireSat doit démarrer en 2029 et doit pouvoir assurer une revisite quotidienne.

Momentus et Astroscale proposent une solution automatique pour l’entretien d’Hubble

Quand le New Space se propose de venir au secours du télescope spatial. L’année dernière, la Nasa a émis un appel à proposition pour une mission d’entretien du HST. Le corps d’astronautes privé Polaris, piloté par le milliardaire Jared Isaacman avait proposé une mission. Momentus s’allient pour proposer la leur. Momentus fournirait le module de service, développé à partir de l’expérience des déployeurs spatiaux Vigoride. Astroscale propose son expérience de manipulations et rendez-vous en orbite en gérant la capture du télescope spatial. Ensuite, le tout déplacera Hubble 50 km plus haut.

Hubble Space Telescope (Nasa)

Le New Space (presque) sur la Lune avec ispace

C’est une date importante : 26 avril 2023. La sonde privée japonaise Hakuto-R a tenté de se poser sur la Lune mais a échoué suite à un manque de carburant dans sa descente finale, qui s’est fatalement achevée par un crash. Mais ispace n’est pas en reste, la compagnie prévoit déjà d’envoyer une nouvelle sonde en 2024. La mission est déjà financée.

Ispace est une survivante du Lunar X-Prize Challenge sponsorisé par Google il y a dix ans. Si le concours a été annulé, les finalistes ont poursuivi leur activité et sont aujourd’hui aux portes de la Lune. Avant ispace, la start-up israélienne SpaceIL avait tenté son coup avec Beresheet en 2019 (échec) et retentera une nouvelle fois dans les prochaines années. D’autres compagnies américaines ont plusieurs vols de prévus, avec à bord plusieurs charges utiles de la Nasa dans le cadre du programme CLPS, parallèle à Artemis. Cette fois-ci, les agences ne partent pas seules sur la Lune, les compagnies y vont aussi pour elles. C’est tout un pan de la future économie lunaire qui s’installe sous nos yeux !

L’ombre de la Lune pendant une éclipse solaire en Australie, vue de puis la Lune par Hakuto-R. (ispace)

Statistiques : en pleine accélération

Ces quatre premier mois de 2023 en quelques statistiques :

  • 63 tirs, dont 5 échecs
  • 26 tirs Falcon 9
  • 17 tirs chinois
  • 990 satellites déployés avec succès (missions NROL comptées comme une seule charge utile), dont 111 cubesats et 618 Starlink.

Les News du New Space : floraison

24 avril 2023 : floraison

Bienvenue dans cette revue de presse du New Space ! Ici, nous balayons les différentes nouvelles venant du New Space, et de l’écosystème spatial qui se crée et qui se réinvente. La revue sort désormais le lundi, autant que possible.

Le Starship a décollé, et avec lui toute la dalle de béton sous la table de lancement. Maintenant que ce tir test historique est passé, la Terre va pouvoir continuer de tourner, et avec elle, le monde du New Space. Les remous sont nombreux, y compris dans notre propre vision de ce qu’est réellement le New Space. Débrief après une petite coupure depuis le dernier LNNS.

Lanceurs : A l’affût des tirs inauguraux

Juice a décollé, et avec lui Ariane 5 pour l’avant-dernière fois. Son dernier tir est prévu en juin. Qu’en est-il de la suite ? les retards d’Ariane 6 décalent (pour l’instant « par erreur ») la date officielle du tir inaugural à 2024. L’attente est plus concrète et la crise de l’absence de lanceur européen disponible pendant ces prochaines années se fait sentir dans les instances européennes : la Commission Européenne envisage de tirer des prochains satellites Galileo à bord d’un lanceur américain. Du jamais vu depuis des décennies. Pendant ce temps, le premier Starship décolle, et avec lui le béton du pas de tir…

L’évolution Terran chez Relativity Space

Le 12 avril reste un jour historique, celui où pour la première fois, une fusée presque intégralement fabriquée par impression 3D décolle. Relativity Space réussit presque son pari avec la Terran-1. Le premier étage semble avoir bien fonctionné mais le second refuse d’allumer son moteur, même après plusieurs tentatives. Pour Relativity Space, cet échec est toutefois suffisant pour décider d’abandonner la Terran-1 et utiliser les données de vol pour préparer le tir inaugural de la version lourde : Terran-R. Cette dernière a une puissance équivalente à la Falcon 9, que Relativity Space entend bien concurrencer. Terran R était censée être 100% réutilisable, mais Relativity a décidé d’abandonner celle de l’étage supérieur. Les moteurs du premier étage pourraient servir jusqu’à 20 fois. Premier vol prévu en 2026.

Magnifique image de la flamme des moteurs Aeon de la Terran-1. Les ergols utilisés sont le méthane et l’oxygène liquide. C’est la seconde tentative de vol orbital avec ces carburants, après la tentative infructueuse de Landspace avec la Zhuque-2 en 2022. (John Kraus)

Rocket Lab passe le cap des 35 tirs Electron

Ce dernier vol date du 24 mars, avec à bord deux satellites d’imagerie terrestre de BlackSky Global. Ce dernier vol a été l’occasion à Rocket Lab pour refaire une récupération en mer du premier étage de l’Electron. La compagnie entend suivre ce procédé plus souvent pour récupérer les booster Electron et abandonne petit à petit la récupération en vol par hélicoptère, jugée trop complexe et trop chère. Rocket Lab est surtout convaincue que réutiliser des composants de lanceur qui ont brièvement baigné dans de l’eau de mer est possible. Un premier moteur Rutherford sera d’ailleurs réutilisé au cours du prochain semestre.

Space Pioneer réalise le premier tir de fusée à propulsion liquide du New Space chinois

Les progrès de la start-up furent impressionnants. Elle a bénéficié d’un fournisseur de poids : la CASC (China Aerospace Science and technology Corporation). Le mastodonte qui opère les Long Mach a développé des moteurs fusée à ergols liquides spécialement dédiés au New Space. Space Pioneer en a intégré à son mini-lanceur Tianlong 2, qui a réussi son premier vol le 2 avril dernier. Ce lanceur à trois étages peut mettre en orbite basse jusqu’à deux tonnes de charge utile. Cela fait un lanceur de plus dans le New Space chinois. De plus, iSpace vient de remettre en vol l’Hyperbola-1. Le succès du 7 avril dernier est le premier depuis le vol inaugural en 2019.

Virgin Orbit prépare un tir en pleine faillite

C’est la tragédie actuellement jouée dans le monde des micro-lanceurs. Acte 1 : échec de la LauncherOne lors de son tir depuis le Royaume-Uni. Acte 2 : recherche d’investisseurs infructueuse. Acte 3 : mise au chômage technique de presque tous les employés. Acte 4 : mise sous la protection du chapitre 11 de la loi américaine des faillites et licenciement massif. Acte 5 : préparation d’un prochain vol ? C’est ce que laisse penser la communication de Virgin Orbit, qui souhaite avoir un acquéreur le plus vite possible.

Pangea Aerospace vend ses premiers moteurs aerospike

Anciennement basée à Barcelone, la start-up a transféré une partie de ses bureaux à Toulouse. Le motoriste vient de clôturer sa première vente. Pangea fournira des moteurs aerospike pour équiper les fusées de la start-up israélienne Tehiru. Le contrat pourrait rapporter jusqu’à 50 M€ à Pangea Aerospace.

Maquettes du moteur ARCOS (Pangea Aerospace)

Pleins feux sur l’orbite basse : le bus spatial Transporter 7 de SpaceX

C’est un nouveau bus qui a décollé à destination de l’orbite héliosynchrone. Le vol a eu lieu le 15 avril. Il y avait une cinquantaine de satellites passagers à bord. Le satellite principal était un satellite d’imagerie terrestre turque de 800 kg, nommé Imece. Presque tous les autres passagers ont été déployés par l’intermédiaire de compagnies privées :

  • Exolaunch : 21 satellites
  • Maverick : 6 satellites
  • SEOPS : 3 satellites

Deux déployeurs orbitaux étaient à bord. Le premier était ION SCV-010 de D-Orbit, emportant 5 cubesats. Le second était Vigoride 6 de Momentus, avec 6 cubesats à bord.

Une fois de plus pour ce genre de vol, la plupart des passagers étaient des satellites d’observations privés issus de compagnies du New Space (Tomorow.io, Umbra, Orbital Sidedick – 2 satellites, GHGSat – 3 satellites, Satellogic – 4 satellites, etc.). On retrouve également plusieurs passagers dédiés au trafic monitoring (HawkEye360 – 3 satellites, Spire – 2 cubesats, etc.). Il y avait en tout 30 cubesats à bord.

Sous la coiffe de transporter 7 (SpaceX / GHGSat)

Parmi les passagers les plus remarquables, on note la présence du satellite norvégien NORSAT TD, dédié au trafic monitoring, équipé d’un système de propulsion fourni par la start-up française ThrustMe. On note aussi la présence d’un cubesat 3U émirati dédié à l’observation de la Terre, nommé DEWA-Sat 2. Se trouvait également à bord le tout premier satellite du Kenya, nommé Taifa 1, un cubesat d’imagerie terrestre de l’agence spatiale du pays.

Enfin côté français, il y avait une fois de plus un cubesat 6U (BRO 9) de la start-up bretonne Unseenlabs, qui se joint à la constellation dédiée à la traque de navire ayant coupé leur signal AIS. Enfin, il y avait le cubesat 2U INSPIREsat 7, du LATMOS (Laboratoire Atmosphères, Milieux, Observations Spatiales), dédié à l’étude du climat.

Le cubesat 2U INSPIREsat-2 (UVSQ)

Statistiques : en pleine accélération

Le premier trimestre 2023 en quelques statistiques :

  • 52 tirs, dont 4 échecs
  • 20 tirs Falcon 9
  • 14 tirs chinois
  • 856 satellites déployés avec succès (missions NROL comptées comme une seule charge utile), dont 80 cubesats et 551 Starlink.

Les News du New Space : alerte à Silicon Valley

13 mars 2023 : alerte à Silicon Valley

Bienvenue dans cette revue de presse du New Space ! Ici, nous balayons les différentes nouvelles venant du New Space, et de l’écosystème spatial qui se crée et qui se réinvente. Désormais, et autant que possible, la revue sort un lundi sur deux.

Les temps s’annoncent durs pour les start-ups. La fermeture forcée de la Silicon Valley Bank met en lumière la fragilité des entreprises du New Space qui n’ont pas encore sécurisé assez d’argent. Certaines parmi les plus avancées restent sereines, comme Rocket Lab qui détient près de 38 M$ à SVB, ce qui correspond seulement à 8% de la trésorerie. Affaire à suivre.

Lanceurs : A l’affût des tirs inauguraux

Durs temps pour les nouveaux lanceurs. Le Japon doit assurer ses arrières, suite à l’échec du vol inaugural de la H-III. La JAXA était pourtant en pleine confiance, au point d’avoir sacrifié un satellite d’imagerie valant 285 M$ ! De son côté, le rapport sur l’échec du dernier vol Vega-C en décembre remet en cause le sous-traitant ukrainien Yuzhmash. Ce rapport, qui a déclenché la colère du gouvernement ukrainien, est notamment contesté par le CNES.

La Miura-1 rejoint son pas de tir

Alors que l’Espagne vient juste de se doter d’une agence spatiale, le pays fête aussi son premier pas de tir indépendant, plusieurs semaines seulement après l’inauguration d’un pas de tir en Suède. PLDSpace vient juste d’y ériger le modèle de vol du démonstrateur suborbital Miura-1. Un modèle de test s’y trouvait ces derniers mois pour qualifier le pas de tir et réaliser des essais à feu. La campagne de tir vient donc de commencer. Miura-1 est censé décoller entre avril et mai prochains. Le vol doit servir à tester en conditions réelles le moteur TEPREL qui servira à propulser le micro-lanceur orbital Miura-5 dont le premier vol est attendu d’ici deux ans.

Rocket Lab songe à abandonner la récupération en hélicoptère

Les derniers résultats sur le reconditionnement et la requalification au vol des composants de boosters d’Electron récupérés en mer montre que c’est possible à un coût moins important que prévu. Après deux essais infructueux, Rocket Lab songe à abandonner la récupération de booster en hélicoptère pendant sa descente sous parachute. Une dernière tentative est prévue pour se décider. Il est vrai que cette opération complexe et coûteuse, pouvant potentiellement demander des reports de tir pour raisons météo, s’inscrit de plus en plus difficilement dans le modèle économique de l’Electron. L’hélicoptère n’est toutefois pas dépourvu d’utilité. Il a récemment servi à du transport de matériel pour des victimes du cyclone Gabrielle, un des plus violents connus dans l’histoire de la Nouvelle-Zélande.

En images : Opus Aerospace réussit un essai moteur important

C’est une étape importante pour la start-up francilienne spécialisée en micro-lanceur. Opus Aerospace a réussi a faire un test longue durée de son moteur Torgos, dernier test de la campagne. Le prochain vrai test sera en condition réelle quand ce moteur propulsera le futur démonstrateur suborbital Mésange.

Pleins feux sur l’orbite basse 

Les prouesses des satellites Pleiades Neo continuent de se vendre à l’étranger. Après la Pologne, c’est au tour de l’Angola d’en demander. La commande d’un satellite d’observation de la Terre « à hautes performances » a été conclue entre le gouvernement angolais et Airbus Defence & Space le 3 mars, à l’occasion de la visite d’Emmanuel Macron dans le pays.

U-Space s’apprête à ouvrir une usine à Toulouse

La start-up toulousaine gagne de plus en plus de contrats et vise en même temps à casser le prix d’un nanosat. Après avoir levé 7 millions d’euros en 2022, U-Space continue d’agrandir son équipe et souhaite rendre sa future usine opérationnelle en 2024. Pour casser les prix, U-Space compte produire 300 nanosats par an à partir de 2025.

Absolut Sensing va aussi développer son équipe à Toulouse

La start-up basée à Grenoble développe actuellement un nanosat démonstrateur pionnier d’une future constellation dédiée à la mesure de gazs à effet de serre, nommée GESat. Absolut Sensing compte déjà une quinzaine d’employés à Toulouse et souhaite y agrandir son équipe, et également disposer d’un site de production. Le vol du démonstrateur est prévu pour 2024. Le déploiement des 24 satellites de la constellation doit se faire à l’horizon 2025.

Vue d’artiste des nanosats de la constellation GESat (Absolut Sensing)

Statistiques : rappel de 2022, une année folle !

Quelle année 2022 ! Pulvérisant tous les records, en voici quelques statistiques :

  • 186 tirs, dont 8 échecs
  • 60 tirs Falcon 9
  • 64 tirs chinois
  • 2460 satellites déployés avec succès (missions NROL comptées comme une seule charge utile), dont 220 cubesats et 1730 Starlink.

Les News du New Space : un an de guerre

27 février 2023

Bienvenue dans cette revue de presse du New Space ! Ici, nous balayons les différentes nouvelles venant du New Space, et de l’écosystème spatial qui se crée et qui se réinvente. Désormais, et autant que possible, la revue sort un lundi sur deux.

Un an après le début de l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe, le climat a radicalement changé dans le spatial d’aujourd’hui. Les applications militaires ou de renseignement de tout service issu du spatial deviennent des motivations politiques pour un Occident très équipé, face à la Chine et la Russie qui sont de plus en plus menaçants.

Vue d’artiste de Light, un futur lanceur désormais au placard. (Launcher)

Lanceurs : A l’affût des tirs inauguraux

La FAA peine à suivre la cadence actuelle des tirs américains, sous le leadership de SpaceX qui semble s’impatienter un peu trop. La FAA vient de lui adresser une amende de 175 000 $ pour ne pas lui avoir communiqué des données de vol assez tôt. Cela semble n’être qu’un début avec l’arrivée de nouveaux lanceurs. Le PDG de ULA disant que le tir inaugural de la Vulcan pourrait avoir lieu le 4 mai, si c’est prêt côté charge utile tandis que Relativity Space a annoncé que le premier tir de la Terran-1 aura lieu le 8 mars prochain.

Un VAST rachat et le fin de Light

L’actualité de la compagnie américaine Launcher a été agitée. Peu après avoir annoncé que son premier déployeur orbital Orbiter SN1 était perdu car il n’arrivait pas à s’orienter, l’entreprise a été rachetée par la start-up VAST. Cette dernière créée en 2022 vise à construire des stations spatiales. Suite au rachat de Launcher et de ses 120 employés, VAST a annoncé que la start-up continuera à opérer des déployeurs orbitaux et de travailler sur les moteurs spatiaux tels que E2. Mais le projet de micro-lanceur Light est désormais enterré.

Test moteur chez Spaceryde à proximité de Trent Hills, où une pétition contre les bruits des tests a recueilli 800 signatures. (Spaceryde)

Spaceryde en banqueroute suite à des plaintes contre le bruit des tests

C’est terminé pour Spaceryde, la start-up canadienne qui voulait faire larguer un micro-lanceur depuis un ballon stratosphérique. Les start-ups souhaitant proposer cette technique ont décidément la vie dure, mais c’est une toute autre histoire qui a eu raison de la start-up. En octobre dernier, les tests moteurs sont brutalement arrêtés suite à la demande de la municipalité voisine, jugeant les essais trop bruyants.

Space Pioneer, le vent en poupe

La start-up chinoise a annoncé le 15 février une nouvelle levée de fonds qui amène un total de capitalisation de 438 M$ depuis sa fondation en 2018. La start-up vise un tir inaugural à la fin de l’année de son mini-lanceur Tianlong-2, capable de livrer jusqu’à 2000 kg de charge utile en orbite basse. Le lanceur est à propulsion liquide (kérosène + LOX), et pourrait éventuellement être le premier lanceur chinois à propulsion liquide privé à décoller, si jamais Landspace n’arrive pas à réaliser un autre essai de vol de la Zhuque-2.

La Tianlong-2 (Space Pioneer)

Pleins feux sur l’orbite basse 

La grosse annonce reste probablement le vote quasi unanime en faveur du développement de la constellation en orbite basse dédiée à la communication nommée IRIS², en concurrence de Starlink. Le projet est porté par le commissaire européen Thierry Breton et a notamment pour but de ne pas seulement dépendre des satellite de communication en orbite géostationnaire mais non plus d’un système étranger, en plein contexte de guerre en Ukraine. La constellation devrait compter environ 170 satellites pour couvrir le Vieux Continent ainsi que l’Afrique.

Méga-contrat pour Terran Orbital

« Cela pourrait être le plus gros deal de l’histoire des smallsats » précise le PDG du constructeur Terran Orbital. La compagnie américaine annonce un contrat de 2.4 milliards de dollars pour fournir avec l’aide de Tyvak, constructeur de smallsats fraîchement acquis, un total de 300 satellites, dont 12 de réserve. Le client Rivada souhaite commencer à déployer sa constellation de communication en orbite basse dès 2024, elle pourrait compter jusqu’à 600 satellites.

Accord de partage entre Maxar et Umbra

L’industriel américain Maxar a signé un contrat avec Umbra pour accéder à ses images radar-SAR de la surface terrestre, et pouvoir les intégrer dans ses produits d’imagerie. Ce type d’imagerie capable de voir à travers nuage et nuit est très demandé depuis le début de la guerre en Ukraine. Le coupler à l’imagerie optique permet de compléter le portefolio.

Exemple d’application de l’imagerie SAR (Capella Space)

Nouvelle génération, ils sont les SpaceFounders 2023

Ils sont une nouvelle génération de start-ups à suivre dans l’écosystème français et européen spatial. L’incubateur SpaceFounders du CNES et Connect by CNES est un accélérateur de start-up qui chaque année annonce une nouvelle promotion. Voici celle de 2023 :

  • Orbital Matter (impression 3D pour infrastructures spatiales)
  • Gate Space (propulsion spatiale)
  • Stellar (IoT)
  • 3IPK (blockchain pour chaînes d’approvisionnement)
  • Eudurosat (plateformes satellites partageables par plusieurs charges utiles)
  • LookUpSpace (sûreté et surveillance de l’espace)
  • Amphitrite (données spatiales pour aide à la décision d’acteurs maritimes)
  • DBSpace (propulsion spatiale)
  • GRASP (aide à la décision dans les défis du changement climatique, de la qualité de l’air et de la surveillance des surfaces)
  • Ion-X (propulsion spatiale)

Statistiques : rappel de 2022, une année folle !

Quelle année 2022 ! Pulvérisant tous les records, en voici quelques statistiques :

  • 186 tirs, dont 8 échecs
  • 60 tirs Falcon 9
  • 64 tirs chinois
  • 2460 satellites déployés avec succès (missions NROL comptées comme une seule charge utile), dont 220 cubesats et 1730 Starlink.

Les News du New Space, levées, paradoxes et cacophonies

13 février 2023 :  Paradoxes

Bienvenue dans cette revue de presse du New Space ! Ici, nous balayerons les différentes nouvelles venant du New Space, et de l’écosystème spatial qui se crée et qui se réinvente. Désormais, et autant que possible, la revue sortira un lundi sur deux !

Paradoxes. L’année 2022 montre une baisse des investissements dans le spatial, du moins du côté américain car en Europe, les levées de fonds se poursuivent, en dépit du contexte économique actuel très tendu. Au même moment, le spatial se tourne vers le marché militaire.

Flamme de démons ! Essai à feu des neuf moteurs Rutherford au LC2 à Wallops en avril 2020. Plus de 18 mois après, Rocket Lab a enfin le feu vert de la FAA pour décoller. (Trevor Malhmann, Rocket Lab)

Lanceurs : A l’affût des tirs inauguraux

Le début d’année s’est fait dans la douleur du côté des mini et micro-lanceurs, avec les échec de la RS-1 d’ABL Space et de la LauncherOne de Virgin Orbit. Ces dernières semaines, nous avons aussi été témoins de règlements de comptes avec des vieux démons. C’est notamment le cas pour Blue Origin qui gagne enfin un contrat de vol avec la Nasa pour envoyer vers Mars la sonde Escapade à l’aide de la New Glenn. C’est une première pour Blue Origin, en plein traversée du désert.

SSLV, mini-lanceur indien enfin opérationnel

Ce mini-lanceur de l’agence spatiale indienne (ISRO) était attendu depuis des années. Le développement du SSLV avait été plusieurs fois retardé par les différents déboires de l’agence, et les différentes crises sanitaires qui ont lourdement frappé le pays. Un premier vol avait eu lieu au cours de l’été 2022 mais s’était soldé par un échec. Un second vol, un succès cette fois-ci, a eu lieu le 10 février, mettant un petit satellite d’imagerie terrestre de l’ISRO en orbite basse, avec deux nanosatellites comme passagers secondaires.

Décollage de l’Electron du vol « Virginia is for Launch Lovers (Rocket Lab)

Electron LC2

Autre vieux démon de Rocket Lab : le pas de tir à Wallops en Virginie. Après plus de deux ans de retard et des années de démêlés administratifs, une fusée Electron a enfin pu décoller depuis le LC2 à Wallops le 24 janvier dernier. Ce pas de tir permettra à Rocket Lab d’accélérer la trop faible cadence de vol et, à terme, rendre l’Electron moins cher. C’est surtout un meilleur accès au marché de la défense. Avec le LC2, Rocket Lab pourra mettre en orbite des charges utiles qui ne peuvent quitter le sol américain. C’est aussi de Wallops qu’est censée décoller la Neutron.

Interstellar Technologies se lance dans une nouvelle fusée : Deca

Avez-vous déjà entendu parler de cette compagnie privée qui a réalisé plusieurs tentatives de vols suborbitaux avec son démonstrateur nommé MOMO ? Elle avait d’ailleurs cofinancé ces vols avec des campagnes de fonds participatifs ou même avec le sponsorship d’un fabriquant de sex-toys ! Plus sérieusement, cela fait des années qu’Interstellar Technologies développe un micro-lanceur nommé Zero. IT a décidé de passer au niveau supérieur après une levée de fonds de 30 M$ terminée en janvier dernier. La fusée Deca devrait être 10 fois plus puissante que la fusée Zero, qui devrait décoller dans les années 2030, et qui sera réutilisable.

Vue d’artiste de la gamme de fusées d’Interstellar Technologies. Seule la fusée MOMO a volé, et même atteint l’espace. (Interstellar Technologies)

RFA ambitionne de concurrencer la gamme Vega

La 15ème European Space Conference le 24 janvier à Bruxelles a été le théâtre de règlements de comptes, où les retards d’Ariane 6 ont accru la quantité de balles perdues et la défiance de la galaxie Ariane face au New Space. Le danger, la fin imminente d’un monopole et une concurrence directe, surtout côté allemand avec Isar Aerospace et Rocket Factory Augsburg, spin-off de l’industriel OHB. Ce dernier a annoncé qu’ils travaillaient à une version plus puissante de la RFA One, capable de livrer 700 kg de charge utile au-delà de l’orbite basse. Plus tôt dans l’année, RFA avait indiqué que la RFA One décollera depuis SaxaVord dans l’année. De son côté, Isar Aerospace a annoncé un contrat de vol multiple avec l’intermédiaire Spaceflight Inc.

En image : essais à feu en cours chez Latitude

C’est une grosse étape de franchie pour la start-up rémoise, qui a dévoilé le succès des premiers essais à feu de leur moteur Navier à SaxaVord.

Pleins feux sur l’orbite basse 

Les retards d’Ariane 6 se font également ressentir sur le manifeste, après le transfert du télescope spatial Euclid de l’ESA, c’est au tour de l’opérateur Ovzon de faire migrer un satellite vers le carnet de commande de SpaceX. Le manifeste d’Ariane 6 reste bien rempli avec plusieurs vols pour déployer une partie de la mégaconstellation d’Amazon, qui vient d’avoir le feu vert de la FCC. De son côté, SpaceX a annoncé d’une part la mise en service de Starlink en Italie, en Islande et pour la première fois en Afrique au Nigéria.

Militarisation de l’espace

Gwynne Shotwell, présidente de SpaceX a annoncé que SpaceX coupe Starlink à l’armée ukrainienne, accusée d’utiliser le système pour guider des drones dans le cadre d’offensives. Quelques jours avant, le Trésor Public américain avait annoncé des sanctions à l’encontre de la compagnie privée chinoise Spacety, accusée d’avoir fourni des images SAR au groupe Wagner, dans le cadre d’offensives en Ukraine également.

Vue d’artiste du SpaceVan, déployeur orbital d’Exotrail, les fonds serviront notamment à financer ses premiers vols. (Exotrail)

Exotrail réalise une levée de fonds record

C’est un signe de bonne santé du point de vue des investisseurs, au vu de la crise actuelle. Exotrail est parvenu à lever 54 millions d’euros de fonds privés et public en série B. C’est un record en France pour une start-up du New Space. Les fonds serviront à développer les activités de la start-up, qui prévoit de recruter 90 personnes.

44 millions d’euros pour The Exploration Company

C’est un autre signe de bonne santé financière du New Space français. La start-up basée à Bordeaux et à Munich utilisera ces fonds pour poursuivre le développement et le tests de ses démonstrateurs de futur vaisseau privé. Un premier vol tests est prévu en 2024.

Vue d’artiste du vaisseau Nyx. (The Exploration Company)

Statistiques : rappel de 2022, une année folle !

Quelle année 2022 ! Pulvérisant tous les records, en voici quelques statistiques :

  • 186 tirs, dont 8 échecs
  • 60 tirs Falcon 9
  • 64 tirs chinois
  • 2460 satellites déployés avec succès (missions NROL comptées comme une seule charge utile), dont 220 cubesats et 1730 Starlink.

[Les News du New Space] Début d’année en montagnes russes !

Janvier 2023 :  Happy #SpaceisHard New Year !

Bienvenue dans cette revue de presse du New Space ! Ici, nous balayerons les différentes nouvelles venant du New Space, et de l’écosystème spatial qui se crée et qui se réinvente. Reprise du mode bimensuel, l’actu est tellement riche…

2023 commence durement. Le Space is Hard touche de plein fouet les mini-lanceurs, un peu comme une terrible gueule de bois. Les rêves de ‘’souveraineté’’ d’accès à l’espace sont durement balayés. A peine trois semaines après l’échec de la Vega-C, la séquence actuelle est dure pour le spatial européen.

Lanceurs : A l’affût des tirs inauguraux

Outre Transporter 6, l’actualité des mini-lanceurs est restée très riche. Si côté américain on grince des dents, côté chinois on se félicite de la solidification de Galactic Energy, et côté européen on inaugure la branche orbitale de Kiruna.

Echec LauncherOne : le Royaume-Uni pleure

Les britanniques y plaçaient beaucoup d’espoir, le premier vol LauncherOne de Virgin Orbit depuis le sol britannique ouvrait une porte d’accès indépendant, même si le micro-lanceur aéroporté est américain. Son avion porteur avait décollé le 9 janvier de l’astroport de Cornwall, puis largué la fusée au large du sud de l’Irlande. Malheureusement, une anomalie au second étage a causé l’échec du vol et la perte des 9 cubesats passagers.

L’avion porteur (Boeing 747 modifié) « Cosmic Girl » à Spaceport Cornwall pendant la campagne de tir (Virgin Orbit)

Echec RS-1 : ABL Space prêt à revoler dans un futur proche ?

2023 commence durement pour les mini-lanceurs privés. Après plusieurs reports, ABL Space parvient à faire décoller pour la première fois son lanceur RS-1 le 10 janvier depuis son pas de tir à Kodiak, en Alaska. Peu après, les neufs moteurs de l’étage principal s’arrêtent et le lanceur retombe sur le pas de tir. Aucun blessé à déplorer, mais les deux cubesats passagers sont perdus et il reste à évaluer les dégâts à Kodiak. Si l’enquête sur les causes de l’échec a débuté, ABL Space a d’emblée annoncé qu’un second modèle de RS-1 est déjà prêt à partir.

Décollage du RS-1, juste avant l’extinction inopinée des moteurs. (ABL Space)

5ème vol réussi pour la Ceres-1

La start-up Galactic Energy consolide la fiabilité de son micro-lanceur à propulsion solide Ceres-1. Le 9 janvier, une 5ème Ceres-1 décolle avec succès du Jiuquan Space Center, avec 5 petits satellites privés à bord. C’est un 5ème succès qui renforce la confiance envers Galactic Energy, qui est en train de développer un lanceur plus gros à propulsion liquide.

Décollage de Ceres-1 (Wang Jiangbo / China Daily)

Inauguration d’un pas de tir orbital à Kiruna

C’est une première sur le sol du Vieux Continent : pour la première fois, un pas de tir orbital a été inauguré au sein du centre spatial d’Esrange à Kiruna, Suède. Jusqu’à présent les fusées européennes étaient tirées depuis d’autres continents (CSG, Afrique, Australie). Le centre d’Esrange a déjà de l’expérience. Depuis plusieurs décennies, il accueille des tirs suborbitaux, des lâchers de ballons stratosphériques, ou des essais à feu de moteurs. Son pas de tir est toutefois orphelin : aucun lanceur n’est censé y voler pour l’instant. Tous les opérateurs du New Space ont fui chez SaxaVord dans les Iles Shetland, comme RFA, qui l’a récemment annoncé.

Esrange accueillera les premiers « Hops » du démonstrateur Themis d’ArianeGroup. Un premier booster (sans doute un modèle d’essai) est arrivé la veille de l’inauguration. (Mia Kleregard / SSC)

Accord pour construire un astroport chinois à Djibouti

C’est sans doute la grande nouvelle de ce début d’année : le groupe des sciences et technologies spatiales de Hong Kong a signé avec Djibouti la construction d’un astroport dans le pays, une invitation à toute l’Afrique à faire décoller ses différents programmes spatiaux avec la Chine. Au menu : 7 pas de tir, 3 bancs d’essais, des infrastructures pour assembler et intégrer des satellites. Le chantier devrait être terminé en 2027.

Le vol Transpoter 6 de SpaceX, c’était aussi le 15ème vol du booster B1060 (SpaceX)

Pleins feux sur l’orbite basse : le vol Transporter 6

C’est parti avec un nouveau bus spatial pour lancer cette année 2023. A bord d’une Falcon 9 qui a décollé depuis Cap Canaveral à destination de l’orbite héliosynchrone, SpaceX a embarqué pas moins de 114 satellites. Le bus spatial Transporter 6 a une fois de plus été organisé à l’aide de multiples intermédiaires (Isilaunch, Maverick, Exolaunch) et inclus nombreux déployeurs orbitaux (Vigoride de Momentus, ION SCV-7 et 8 de D-Orbit, Orbiter SN1 de Launcher, Chimera LEO-1 d’EPIC Aerospace), ou plateformes satellites partagées (YAM 5 de Loft Orbital, Endurosat).

Résumé de la campagne de tir du déployeur orbital Orbiter SN1, le tout premier de la start-up américaine Launcher. (Launcher)

Nombreux satellites d’observation et SAR se trouvaient à bord : 3 unité ICEYE, 2 Umbra, 4 ÑuSat de Satellogic, le satellite sud-africain Agrisat-1, ou encore 36 cubesat Dove de Planet. La surveillance de différents trafics (trafic monitoring) maritime, aérien, ou spatial était en force à bord, avec une demi-douzaine de cubesat Lemur de Spire, 4 cubesats de Kleos, mais aussi le cubesat BRO 8 de la constellation bretonne d’UnseenLabs).

Une partie des déplyeurs de cubesats d’Isilaunch, avant d’être intégrés à l’adaptateur de la Falcon 9 (Isilaunch)

On retrouve aussi plusieurs éléments de constellation de communication en orbite basse (2 satellites Lynk, 4 cubesats Astrocast, 4 satellites australien SkyKraft, et bien entendu une douzaine de picosatellites SpaceBEE de Swarm Technologies). Enfin, on retrouve de nombreux cubesats universitaires ou de démonstration technologique. Parmi eux, plusieurs vont tester des voiles solaires, dont le cubesat Gama Alpha, de la start-up française Gama.

La voile solaire de Gama (vue d’artiste, Gama)

Statistiques : rappel de 2022, une année folle !

Quelle année 2022 ! Pulvérisant tous les records, en voici quelques statistiques :

  • 186 tirs, dont 8 échecs
  • 60 tirs Falcon 9
  • 64 tirs chinois
  • 2460 satellites déployés avec succès (missions NROL comptées comme une seule charge utile), dont 220 cubesats et 1730 Starlink.

Les News du New Space

Décembre 2022 :  Fin d’une année d’amorçage

Bienvenue dans cette revue de presse du New Space ! Ici, nous balayerons les différentes nouvelles venant du New Space, et de l’écosystème spatial qui se crée et qui se réinvente. Encore une fois, une seule revue pour le mois de décembre, avec l’accent sur un bilan statistique.

2022 année d’amorçage ? C’est un peu l’ambiance dans laquelle on a baigné, du moins du côté européen. Aux Etats-Unis, les services de plusieurs acteurs du New Space sont devenus désormais concrets, voire stratégiques. En Europe, les levées de fonds ont atteint 1.9 milliard d’euros. C’est moins que 2021 (3 milliards), mais on note une part importante des levées en série B ou C, ces fameuses levées de fond en amorçage.

Récaputilatif des levées de fonds en Europe ces dernières années. (Space Tech)

Lanceurs : A l’affût des tirs inauguraux

Ce mois de décembre a été marqué par une activité riche en lanceurs légers, avec deux tirs inauguraux en Chine tandis que la Vega-C échoue à mettre en orbite deux satellites d’observation Pleiades Neo. Alors que les lanceurs européens actifs s’apprêtent à vivre un long passage à vide en 2023, les regards se tournent vers les arrivants, qui ont encore un long chemin de croix devant eux.

Landspace échoue au tir inaugural de la Zhuque-2

Le tir était très attendu dans le New Space chinois. C’était en effet le tout premier tir orbital privé chinois réalisé à l’aide d’ergols liquide, une étape significative dans la maturité de ces nouveaux acteurs. La concurrence (iSpace, Galactic Energy, etc.) prévoit des tirs semblables dans un futur proche. Les essais à feu des moteurs sont courants. En cas de succès, la Zhuque-2 aurait été également la toute première fusée à faire un vol orbital avec du méthane comme carburant.

Réalisé le 14 décembre depuis le Jiuquan Space Center, le tir Zhuque-2 s’est soldé par un échec, causant la perte des 11 petits satellites passagers de ce lanceur capable d’emporter 6 tonnes de charge utile en orbite basse. Le second étage serait en cause.

Décollage de la Zhuque-2 depuis le Jiuquan Space Center (China Aviation Review)

Retour en force des spin-off publiques China Rocket Ltd. et ExPace avec la Jielong 3 et la Kuaizhou 11

9 décembre, Mer Jaune, une fusée Jielong 3 à propulsion solide décolle depuis une plateforme mobile avec 14 petits satellites à bord, dont une série de satellites d’observations Jilin-1. Le succès du vol est remarquable : d’une part les tirs offshores sont rares mais en plus il inaugure à la fois la plateforme et le lanceur. Jielong 3 est une version 10 fois plus capable que sa petite sœur la Jielong 1 de la spin-off de la CASC China Rocket Ltd. : 1.5 T de charge utile en SSO.

L’essentiel des vols de la CASC (China Aerospace Science and Technology Corporation) monopolise les charges utiles étatiques. La CASC a créé China Rocket Ltd pour mieux atteindre le marché privé des petits satellites. C’est aussi une façon de faire concurrence à la CASIC, autre entité étatique qui dispose de la spin-off ExPace qui contrôle les tirs Kuaizhou, également à propulsion solide. Après un échec en juillet 2020, la Kuaizhou-11 a réalisé son premier succès le 7 décembre depuis le Jiuquan, avec un satellite de communication à bord de ce lanceur capable d’emporter 1 tonne de charge utile en orbite basse.

Course de tests moteurs dans le New Space français, Skyrora en difficultés

Petit cadeau de Noël : la start-up française Latitude basée a Reims a teasé le succès des premiers essais à feu. Ces derniers mois chez Latitude étaient sous le signe de grands progrès pour qualifier d’une part le banc de test (actuellement le plus mature du New Space français), et débuter d’autre part des essais de moteurs. De son côté, la start-up francilienne Opus Aerospace a dévoilé des tests précédents de futurs tests de mise à feu.

Outre-Manche, en Ecosse, la compagnie Skyrora essuie de nombreux revers. D’une part il y a le départ surprise du COO (Chief Operations Officer – DG adjoint), un ancien cadre de SpaceX. Skyrora est également marqué par l’échec du tir suborbital de démonstrateur Skylark L le 8 octobre dernier.

Pleins feux sur l’orbite basse

Près de 2500 satellites envoyés dans l’espace en 2022, année de tous les records. 2023 s’annonce explosive maintenant que le déploiement des satellites OneWeb a repris. Certes, il repose sur la disponibilité des Falcon 9, mais SpaceX envisage 100 tirs cette année. Cette dernière vient d’ailleurs de débuter le déploiement de Starlink de seconde génération.

Anywaves lève 3 millions d’euros

Basée à Toulouse, la start-up toulousaine spécialisée dans la fourniture d’antenne embarquée a réussi à lever 3 millions d’euros de fonds privés. La start-up compte désormais installer un bureau aux Etats-Unis à la conquête de nouveaux clients. L’équipementier fournit des antennes pour les plateformes satellites de Loft Orbital (compagnie américaine qui tient aussi des bureaux à Toulouse). Anywaves équipe aussi la constellation satellite d’internet des objets du français Kineis.

Exemple d’antenne d’Anywaves équipant un satellite Kineis (maquette, photo Daniel Chrétien / Spacekiwi)

Sélection de 5 projets français de surveillance de l’espace

Le plan France2030 continue sa sélection de lauréats pour son côté spatial, auquel 1.5 milliards d’euros sont consacrés. Le volet ‘’surveillance de l’espace’’ a pour objectif de financer des démonstrateurs de solutions de surveillance du trafic spatial. Cinq projets ont été retenus pour une première phase de démonstration, une seconde sélection parmi eux viendra plus tard pour un service opérationnel.

Les cinq projets retenus lient des acteurs classiques au New Space français. Ces alliances montrent la progressive intégration de ces nouveaux acteurs dans l’écosystème. Parmi les projets retenus, on a un service reposant sur un réseau de télescopes de la start-up ShareMySpace, avec CS Group et l’ONERA. On a aussi le projet de microsatellite de surveillance proposé par U-Space et Airbus Defence & Space.

Bonus : mon intervention sur Bsmart à ce sujet.

Une plateforme pour prédire les interférences RF entre opérateurs satellite

Cela fait partie de la problématique de surveillance du trafic spatial : les interférences radio entre satellites ou entre satellites et antennes au sol. La population de satellite présente dans l’espace continue de croître : plus de 7500 actifs à la fin 2022, plus de 20 000 d’ici 5 ans. Les interférences vont devenir un vrai problème d’ici peu alors la start-up canadienne Magnestar propose une plateforme pour les anticiper, basée sur une cartographie de toutes les voies de communication entre la Terre et l’espace.

Les opérateurs déploient de plus en plus de réseaux d’antennes, comme Kineis qui a fini d’installer une station sol en Guyane courant décembre.

La peine du recrutement dans la filière aérospatiale dans le sud-ouest

Le rapport de l’INSEE est alarmant : 8 entreprises sur 10 n’arrivent pas à recruter. On compte près de 110 000 employés dans la filière dans le sud-ouest (80 000 salariés en Occitanie). Mais l’essor semble trop rapide aujourd’hui. Les écoles d’ingénieurs ne produisent pas assez de main d’œuvre. On retrouve cette tendance dans beaucoup de pays où l’écosystème spatial se développe rapidement : on recrute beaucoup et les profils expérimentés sont fortement chassés !

Statistiques : une année folle !

Quelle année 2022 ! Pulvérisant tous les records, en voici quelques statistiques :

  • 186 tirs, dont 8 échecs
  • 60 tirs Falcon 9
  • 64 tirs chinois
  • 2460 satellites déployés avec succès (missions NROL comptées comme une seule charge utile), dont 220 cubesats et 1730 Starlink.

Les News du New Space : dans l’ombre d’Artemis

Novembre 2022

Bienvenue dans cette revue de presse du New Space ! Ici, nous balayerons les différentes nouvelles venant du New Space, et de l’écosystème spatial qui se crée et qui se réinvente. Une seule revue pour le mois de novembre. En cause : une actu spatiale chaude très dense (Artemis I, Conseil Ministériel de l’ESA, nouveaux astronautes), et une fois de plus votre serviteur était très pris.

On s’approche pourtant d’un fait historique dans l’ombre d’Artemis I : pour la première fois une start-up privée va partir en route pour un posé sur la Lune. C’est la start-up japonaise iSpace, ex-finaliste du challenge XPrize, qui tentera de poser son lander lunaire privé Hakuto-R. Le décollage était prévu fin novembre. Il est reporté.

Lanceurs : A l’affût des tirs inauguraux

Alors qu’on prend notre mal en patience avec Ariane 6, des évolutions sont à l’étude tandis que le moteur Prometheus crache ses premières flammes. Pour maintenir en vie les lanceurs, La France s’accorde avec l’Allemagne et l’Italie sur une préférence européenne. Côté américain, on guette les tirs inauguraux (Terran 1 en cours d’assemblage, RS 1 qui subit plusieurs délais sur le pas de tir). C’est aussi le temps des crises chez Virgin Orbit, ou encore chez Astra Space, forcé d’abandonner ses projets de mégaconstellation satellite et de licencier 16% de ses forces.

Ceres-1, premier succès en mode nomade

Tir complètement éclipsé par le succès tant attendu du SLS, la start-up chinoise Galactic Energy a réussi son quatrième tir Ceres-1. Le vol a eu lieu le 16 novembre depuis le Jiuquan Space Center. Il y avait 5 satellites d’imagerie Jilin-1 à bord. C’est toutefois le premier tir qui a été assisté par un véhicule TEL (Transport-Erection-Lancement).

Décollage de la Ceres-1 de Galactic Energy (China Media Group)

Regards tournés vers le Nouveau Continent pour le prochain tir Electron

4 novembre, Mahia Peninsula. Rocket Lab réalise son 32ème tir Electron et échoue une fois de plus à capturer son booster par hélicoptère. Il y avait le satellite scientifique suédois MATS à bord. Désormais, tout le monde regarde du côté de Wallops, au pas de tir LC2 qui devrait être inauguré début décembre, après plus d’un an d’attente. L’Electron qui y décollera a déjà fait son test de mise sous pression des réservoirs (WDR) sur le pas de tir. 3 satellites Hawk de surveillance du trafic spatial sont à bord. De son côté, Rocket Lab a récupéré les lancements des satellites scientifiques TROPICS restants, suite à l’échec du premier vol avec Astra.

Skyroot réalise le premier tir fusée privée en Inde

18 novembre, la petite fusée sonde Vikram-S décolle et monte jusqu’à 90 km d’altitude. C’est un jour un peu historique en Inde, c’est la première fois qu’une start-up parvient à faire décoller une fusée dans le pays, même s’il ne s’agit ici que d’un démonstrateur suborbital qui a manqué de peu les limites de l’espace. Le tir du premier lanceur orbital (Vikram-1) est prévu ‘’d’ici un an’’. De son côté, la start-up concurrente Agnikul Cosmos vient d’inaugurer son pas de tir.

Accord entre Exotrail et Isar Aerospace

La start-up française a signé un accord avec l’opérateur de lancement allemand, portant sur plusieurs vol de la future Spectrum emportant le déployeur orbital français Spacevan. Les vols prévus entre 2024 et 2029 seront à destination de l’orbite basse ou de l’orbite de transfert géostationnaire, ce qui permettra à Exotrail d’y livrer des cubesats passagers.

Pleins feux sur l’orbite basse

La Commission Européenne obtient l’accord pour financer sa constellation satellite en orbite basse pour assurer la connectivité sécurisée IRIS². Plusieurs acteurs du New Space européens sont dans le coup dans cette constellation qui fait la concurrence européenne à Starlink. D’ailleurs, SpaceX vient d’avoir l’aval de la FCC pour déployer 7 500 unités de nouvelle génération, contre 30 000 demandés.

Le New Space indien à bord d’un vol PSLV

Un PSLV-XL a décollé le 26 novembre depuis le Satish Dhawan Space Center avec à bord le satellite d’imagerie indien Oceansat-3 (EOS-6) et plusieurs passagers secondaires. Parmi eux, des cubesats suisses d’Astrocast dédié à l’IoT (internet des objets) et Pixxel-TD 1, connu comme étant un des tous premiers satellites du New Space indien à être mis en orbite. La start-up Pixxel se servira de lui comme prototype avant d’envoyer une constellation de 20 satellites d’imagerie terrestre.

Pixxel TD-1 en salle de test. (Pixxel)

Spire propose une nouvelle plateforme de cubesat

Connue pour sa constellation de cubesat 3U Lemur dédiée au suivi du trafic maritime, Spire propose désormais une plateforme de cubesat 16U. Spire prétend que cette plateforme pourrait proposer deux fois plus d’espace dédié à la charge utile que les cubesats 16U actuels : jusqu’à 30 kg de capacité d’accueil. Spire propose également une nouvelle solution pour traquer les navires ayant coupé leur signal d’identification AIS, en concurrence avec la start-up française Unseenlabs.

Expleo achève ses premiers cubesats à Toulouse

 A l’occasion de la Space Tech Expo à Brême, la start-up a annoncé avoir terminé la construction de ses deux premiers cubesats à Toulouse : ENSO 1 & 2. Ces deux cubesats 1U collecterons des données météorologiques. Ils devraient être lancés en 2023.

Le New Space prêt à répondre à la demande militaire

Avec la guerre en Ukraine, la seule section du spatial russe en ébullition est son pan militaire : sur les 21 tirs russes réalisés cette année, 13 sont dédiés à la défense (dont 3 pour la constellation GLONASS, le GNSS russe). Le reste des tirs civils est essentiellement consacré au partenariat de la Russie dans l’ISS (cargo et vaisseau Soyouz). 13 vols en 2022, c’est plus que le double par rapport aux années précédentes. C’est un véritable branle-bas de combat pour remanier l’infrastructure spatiale militaire russe.

Face à au militaire russe, les forces spatiales occidentales commencent à demander des services auprès des acteurs du New Space. Beaucoup de ceux qui sont désormais bien établi vantent la dualité de leurs services. D’autres passent déjà des contrats comme Planet, Maxar, etc… ou encore Rocket Lab qui lance une filiale 100% concentrée sur la commercialisation de ses lanceurs pour la demande du Pentagone ou du Renseignement américain.

3 satellites Hawk juste avant leur mise sous coiffe pour le tir Electron inaugurant le LC2 prévu le 9 décembre. Ces satellites peuvent servir à la surveillance d’interférences criminelles contre un satellite (brouillage). (Rocket Lab)

Statistiques (30 novembre 2022)

Depuis le 1er janvier 2022 :

  • 167 tirs, dont 53 Falcon 9 et 54 tirs chinois
  • 2300 satellites déployés avec succès (missions NROL comptées comme une seule charge utile), dont 220 cubesats et 1600 Starlink.