Les News du New Space: rendez-vous à Lille !

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Bienvenue dans cette revue de presse du New Space ! Ici, nous balayons les différentes nouvelles venant du New Space, et de l’écosystème spatial qui se réinvente. Rattrapez l’actu de cet été avec la revue de la semaine précédente. Découvrez aussi mes portraits du New Space en vous abonnant à Espace & Exploration.

Cette revue est la première à être écrite depuis Lille, nouveau quartier général de votre serviteur. Je quitte pendant quelques années la « capitale » de l’espace pour me rapprocher du reste de l’écosystème. Dans tous les cas, le Nouvel Espace n’a pas d’adresse !

Lanceurs : A l’affût des tirs inauguraux

Vega VV23 : un vol rideshare avant un long, très long silence.

Après plusieurs courts reports, le vol Vega (version normale) VV23 a décollé du CSG le 9 octobre, très tôt dans la matinée. Le vol a été nominal, bien qu’il ait fallu attendre parfois longtemps avant d’avoir confirmation du bon déploiement des passagers secondaires. Les passagers de ce vol sont :

  • THEOS-2, satellite d’imagerie thaïlandais développé par Airbus Defence & Space à partir de la même plateforme satellite utilisée pour SPOT 6 et 7.
  • TRITON (FORMOSAT-7R), satellite météo de Corée du Sud.
  • PROBA V-CC, cubesat 12U de l’ESA qui réalisera des observations expérimentales de la surface terrestre.
  • 3 cubesats 3U formant la formation ANSER de l’agence spatiale espagnole INTA, pour mesurer la qualité de l’eau dans les réservoirs et étangs dans le pays.
  • PRETTY, cubesat 3U de l’ESA qui mesurera l’étendue des glaces, la hauteur des eaux en mer et les courants marins.
  • NESS, cubesat du Cnes développé par U-Space, qui mesurera les émissions radio civiles en bande S et L, et qui analysera les sources de brouillage.
  • MACSAT, cubesat 6U développé par Konsberg pour OQ Technology pour tester un service d’internet des objets en 5G depuis l’orbite basse.
  • ESTCube-2, cubesat 1U étudiant estonien.
  • CSC-1 & 2, cubesats développés par Isispace.

Le succès de VV23 sera toutefois le dernier vol européen de l’année. Ariane 6 se faisant déjà attendre, l’ESA a annoncé que le retour en vol de Vega-C ne se fera pas avant fin 2024 !

PLDSpace : succès du premier vol test de Miura-1

Ce 6 octobre, la start-up PLDSpace a enfin passé avec succès une étape cruciale de sa vie. Alors que la production du micro-lanceur espagnol Miura-5 a débuté, la qualification du moteur TEPREL touche à son terme avec l’envol du démonstrateur suborbital Miura-1. La fusée sonde a exécuté une parabole dont l’apogée a culminé à 46 km d’altitude, partant depuis le site d’El Arenosillo et se terminant dans l’océan Atlantique.

L’altitude initiale était de 80 km, mais pour des « raisons de sécurité » selon le PDG de PLDSpace Raul Torres, l’altitude a été baissée pour que Miura-1 réduise le temps de survol des terres. Le moteur a aussi été mis à feu pendant 103s au lieu de 122s afin de réduire les contraintes aérodynamiques. Toutefois, Miura-1 a « parfaitement fonctionné ». Un second vol suborbital test est prévu avant le premier vol de Miura-5 depuis le Centre spatial guyanais.

Hyper-brèves :

  • La start-up française Dark signe un contrat avec le Cnes portant sur des tests moteur.
  • Le SLS restera (très) cher, d’après l’inspection générale de la Nasa.
  • ArianeGroup envoie une nouvelle note douloureuse à l’ESA pour maintenir Ariane 6 à flots.
  • Intelsat commande plusieurs vols Terran-R à Relativity Space. Premier tir prévu dès 2026.
  • Le démonstrateur Xodiac de Masten Space Systems reprend vie, un an après le rachat par Astrobotics.
  • Rocket Lab ouvre son site de production de moteurs dans les anciens locaux de Virgin Orbit.
  • La start-up indienne Skyroot Aerospace signe plusieurs MoU, avec ispace et Prométhée.
  • Stoke Space lève 100 M$.

Pleins feux sur l’orbite

U-Space envoie son premier cubesat en orbite

Passager secondaire du vol Vega VV23, le cubesat NESS du Cnes est d’une importance capitale pour U-Space. Il s’agit son-seulement d’un des tous premiers contrats de la start-up toulousaine, née comme une spin-off de l’agence, mais il s’agit surtout du premier cubesat en orbite qu’elle a produit. Dès sa naissance, U-Space a démontré sa capacité à opérer un cubesat avec l’expérience EyeSat, cubesat du Cnes toujours vivant dont elle a la charge. Ness sera toutefois opéré par le Cnes, dans le but de détecter et localiser des sources de brouillage radio, à l’aide d’un détecteur développé par l’entreprise Syrlinks. C’est surtout un démonstrateur pour U-Space, pour montrer que son matériel est fiable. C’est une garantie pour la survie de la start-up, qui jouit déjà d’une bonne connexion avec l’agence spatiale française.

La compagnie GuardianSat récolte des fonds pour du satellite self-défense

Le contexte est d’ailleurs bien choisi car en ce moment, le satellite espion russe Luch se ballade dangereusement proche des satellites de télécommunication d’Eutelsat en orbite géostationnaire. Comment se défendre face à un satellite espion, ou plus probable, face à un débris menaçant ? La start-up américaine GuardianSat a récolté des fonds de la National Science Foundation – NSF – pour développer un système d’évitement de débris pour satellite, destiné à ceux se trouvant en orbite « haute ». Il inclut un capteur et un système de suivi, ainsi qu’une interface pour communiquer avec le système de déplacement du satellite, afin d’ajuster sa trajectoire automatiquement en fonction de l’approche du débris.

Hyper-brèves :

  • Amazon a désormais deux premiers satellites Kuiper en orbite, qui serviront de démonstrateurs.
  • Les investisseurs mettent un coup de pression à Terran Orbital pour intensifier ses efforts.
  • Chan Guang Satellite Technology, maître d’œuvre et opérateur des satellites d’imagerie Jilin, a réussi à transférer à la surface des images par communication laser.
  • ViaSat ne remplacera pas son satellite Americas, perdu peu de temps après sa mise en orbite.
  • La start-up japonaise fabricant des propulseurs à eau pour nanosat Pale Blue Dot lève 7.5 M$.
  • Astroscale signe un contrat de 80 M$ avec le gouvernement japonais pour observer de près un ancien satellite en orbite, devenu débris spatial.
  • La compagnie écossaise Alba Orbital va changer de site de production de picosatellites.
  • L’ESA signe un contrat avec ICEYE pour ajouter plus d’imagerie radar-SAR à la gestion des catastrophes naturelles.
  • Le géant de la logistique Maersk devient client de Starlink, et y connecte ses plus de 330 navires.

Le nouvel âge lunaire

Les détails du programme lunaire chinois dévoilés à l’IAC

Si l’Occident était moins présent que l’année dernière, la Chine tenait de gros stands et de grandes conférences à l’International Astronautical Congress 2023 à Bakou. La Chine a notamment donné des détails sur la mission Chang’e 8, concernant l’utilisation de ressources lunaires. La mission est prévue en 2028 au pôle sud sélène et comptera un lander, un rover, un robot, et une dizaine de charges utiles scientifique ou de démonstration technologique. En effet, Chang’e 8 sera la dernière avant le début de la construction de la base lunaire internationale ILRS.

ILRS devait initialement être une base conjointement développé avec la Russie, pour jouer la compétition avec le programme Artemis. Mais à l’IAC de Bakou, la Russie semble avoir disparu du PowerPoint, alors que la construction de l’ILRS reposait en partie sur des missions russes. La guerre en Ukraine, appauvrissant le programme spatial russe, et l’échec de la mission Luna 25 ont rebattu les cartes. La Chine devra probablement se débrouiller toute seule.

Une constellation satellite chinoise autour de la Lune ?

Nous connaissons tous la mission chinoise historique Chang’e 4, la première – et actuellement la seule – à se poser et rouler sur la face cachée de la Lune. Rappelons-nous que pour communiquer avec Chang’e 4, la Chine avait dû placer le satellite relais Queqiao au point de Lagrange L2 Terre-Lune. Pour la mission de retour d’échantillons Chang’e 6, prévue également sur la face cachée de la Lune l’année prochaine, la Chine enverra un second satellite, Queqiao-2, pour le remplacer. Mais à l’IAC de Bakou, la Chine propose de déployer carrément toute une constellation Queqiao.

En orbite lunaire, la constellation fournira trois services : imagerie, communication, et positionnement. Les deux derniers sont communs avec les services voulus par l’ESA et sa constellation Moonlight. La constellation Queqiao serait positionnée dans l’espace cis-lunaire et aux points de Lagrange Terre-Lune. Elle sera d’un intérêt crucial pour les opérations d’astronautes à la surface, et pourra faciliter les missions dans l’espace interplanétaire.

Hyper-brèves :

  • La Russie donne les détails expliquant l’échec de Luna 25.
  • L’Azerbaïdjan devient partenaire de la base lunaire internationale sous leadership chinois ILRS.
  • La compagnie britannique de minage d’astéroïde présente son robot SCAR-E, pouvant notamment se balader dans des cratères lunaires.
  • La sonde japonaise SLIM se rapproche de la Lune.
La Lune vue par SLIM lors de son survol. (JAXA)

Le vol habité de demain

L’ESA signe un partenariat avec Axiom Space

Dans l’attente d’un véritable programme de vol habité autonome, l’ESA a signé un Memorandum of Understanding – MOU – avec Axiom Space portant sur des prochaines opportunités de collaboration dans l’ISS, et dans l’ère post-ISS. Une première mission commerciale avec l’astronaute suédois Marcus Wandt est déjà prévue en janvier prochain. Les compagnies européenne pourront aussi collaborer au développement de la combinaison de sortie extravéhiculaire. D’ailleurs, Axiom a signé un partenariat surprenant avec Prada. Le MOU porte aussi sur l’accès à la future station Axiom, une fois le programme ISS terminé.

Tectonique des plaques du côté des projets de stations privées

Beaucoup de remous du côté des projets de futures stations spatiales. Face à la solidité d’Axiom Space, les autres consortia en compétition pour répondre à l’appel à projet de la Nasa se repositionnent. Avec le changement de leadership de Blue Origin, le projet Orbital Reef semble en mauvaise posture. Avec les retards extrêmement coûteux de la New Glenn, et avec un an sans aucun vol touristique avec New Shepard, Blue Origin doit sauver sa peau et Orbital Reef n’est plus trop la priorité. La majorité des employés assignés au projet a été redirigée ailleurs. Son partenaire Sierra Space est sur le point de se lancer de son côté.

Autre compétiteur, l’industriel Northrop Grumman proposait de redéfinir son cargo Cygnus pour en faire une station autonome. Mais Northrop semble aussi se retirer, et vient d’ailleurs de rejoindre le consortium Starlab mené par Voyager Space, pour y proposer ses services de cargo. La tectonique des plaques est en cours parmi les favoris de l’appel d’offre de la Nasa. La sélection se fera peut-être d’elle-même ?

Hyper-brèves :

  • L’équipage Shenzhou 15 revient sur Terre après 186 jours dans la station spatiale chinoise.
  • L’Isro poursuit les tests du système de propulsion servant à l’éjection du module habité de Gagayaan en cas d’abandon.
  • Succès du vol Galactic 04 de Virgin Galactic, avec trois touristes spatiaux à bord (américain, britannique, et pakistanais).
  • Fuite dans la section russe de l’ISS.
  • Boeing peine à trouver un avenir au Starliner.

Statistiques : quelle vitesse donner à l’expansion ?

Du 1er janvier au 30 septembre 2023 inclus en quelques statistiques :

  • 160 tirs, dont 9 échecs
  • 67 tirs Falcon 9
  • 44 tirs chinois
  • 2250 satellites déployés avec succès (missions NROL comptées comme une seule charge utile), dont 210 cubesats et 1540 Starlink.

Crédit image top : PLDSpace

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