Merci Hubert Reeves

C’est un triste jour pour la science, qui a perdu un des ses plus grands ambassadeurs. Hubert Reeves nous a quitté. Combien d’enfants et d’anciens enfants dans le monde se sentent désormais orphelins, privés de celui qui a été parmi les premiers à leur montrer la beauté de l’astronomie ? Tout ce que je peux dire, c’est que j’en fais partie.

Hubert Reeves a été notre lanterne à toute une génération d’enfants. Il a été un des premiers à rendre l’astronomie et l’astrophysique aisée, simple à comprendre, en un mot : accessible. Pour moi, il a été le premier à me montrer cette voie. Cette voie, je ne l’ai jamais quittée en vous parlant d’actualité de l’espace, tous les jours, depuis des années.

J’ai la chance d’avoir eu des parents qui ont vite compris cette passion nouvelle quand j’étais enfant. C’est mon père qui m’a emmené voir Hubert Reeves en conférence, à l’occasion du cinquantenaire de l’ESSTIN, école d’ingénieur de Nancy, j’étais alors au collège. Cette expérience compte parmi celles qui m’ont confirmé la voie à suivre.

Plus important encore, Hubert nous a montré que le partage de la science est plus crucial que la science elle-même. Face à la montée de nombreux obscurantismes de tous genres aujourd’hui, ce combat est encore plus important. Ce combat est, entre autres, portés par toute cette génération de vulgarisateurs, et animateurs scientifiques, parmi lesquels je compte mes meilleurs amis, aujourd’hui orphelins comme moi.

Le combat est aussi porté par les enseignants, à qui Hubert Reeves a donné des mots pour parler d’astronomie. On ne peut que saluer leur courage et leur détermination car leur combat est une belle victoire. Au cours de quatre ans d’animation scientifique au public, à la Cité de l’Espace ou avec d’autres structures, j’ai remarqué qu’aujourd’hui les enfants en savent bien plus sur les étoiles que leurs parents.

Ce combat de l’accessibilité de l’astronomie, Hubert Reeves y a consacré une bonne partie de sa vie. Il a su décrocher le très lourd titre de « savant « qui pesait tel le marteau de Thor sur la tête de la communauté scientifique. L’astronomie est accessible. Cela se voit encore plus chez ceux qui proposent au public de la pratiquer.

Car je ne fais pas que parler d’astronomie. J’en fais à ma manière, depuis 8 ans avec l’association d’astronomie étudiante UPS in Space, qui s’est ouverte à toutes et tous depuis des années, au-delà des frontières de l’Université Toulouse III.

Cela fait cinq ans que je travaille activement au développement de l’Observatoire Jocelyn Bell de Toulouse, dont le but est de proposer aux étudiants, aux enfants, et bien sûr aux grands, de produire eux-mêmes de la donnée scientifique. Ainsi, le public et les jeunes générations pourront contribuer à la recherche, et alors la science et la société pourront entrer en symbiose. Depuis cinq ans, j’y consacre une partie importante de ma vie.

Aurais-je pu avoir une telle motivation sans le précieux éclairage d’Hubert ? Je ne crois pas.

Hubert Reeves était également un ardent défenseur de notre planète. Déjà, au cours de sa conférence à l’ESSTIN à laquelle j’avais assisté avec mon père en 2010, il nous alarmait sur le fait d’avoir consommé plus de la moitié des réserves de pétrole de la planète. C’est grâce à lui que j’ai pris conscience de la fragilité de notre Terre.

Hubert est parti. Nous sommes orphelins mais nous devons toutes et tous continuer son œuvre. Comme il le disait si bien, nous sommes tous des poussières d’étoiles. Sans distinction, les astres et l’astronomie sont pour tous. Merci Hubert de nous avoir montré ce chemin.

(AFP, Jean Pierre Muller)

Crédit image top : AFP, Loïc Venance

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