Les News du New Space: crise des micro-lanceurs

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Bienvenue dans cette revue de presse du New Space ! Ici, nous balayons les différentes nouvelles venant du New Space, et de l’écosystème spatial qui se réinvente. Rattrapez l’actu de cet été avec la revue de la semaine précédente. Découvrez aussi mes portraits du New Space en vous abonnant à Espace & Exploration.

Cette semaine dernière a été marquée par deux échecs mettant fin à des séries de vols à succès de l’Electron de Rocket Lab et de la Ceres-1 de Galactic Energy. Ces échecs arrivent au moment où les deux compagnies étaient en train d’augmenter leur cadence. Leurs ailes seront coupées pendant plusieurs mois, le temps d’en découdre avec le « Space is Hard », et l’accès à l’espace en est davantage perturbé.

Lanceurs : A l’affût des tirs inauguraux

Rocket Lab rate un tir Electron, après deux années de succès consécutifs

Retour au mode crise pour Rocket Lab. Après deux années sans problème, Electron a de nouveau failli. Le vol malheureux a décollé le 19 septembre dernier, de Mahia Peninsula en Nouvelle-Zélande, avec un satellite SAR de Capella Space à bord. Le satellite a été perdu suite à un dysfonctionnement du second étage. Le moteur Rutherford de ce dernier semble être en cause étant donné que la communication avec le lanceur a coupé juste après l’allumage. C’est le quatrième échec d’un vol Electron, sur un total de 40 vols orbitaux. Déjà, lors des deux échecs précédents en 2020 et 2021, le second étage était en cause.

Premier échec pour Ceres-1 de Galactic Energy

Fin d’une série heureuse pour Galactic Energy. Après 9 premiers vols à succès, le micro-lanceur Ceres-1, à propulsion solide, rate son coup lors de son dixième vol, le 21 septembre. Ceres-1 avait décollé du Jiuquan avec un satellite d’imagerie terrestre commercial Jilin-1 de Chang Guang Satellite Technology. Les raisons de l’échec ne sont pas encore connues mais sont en train d’être analysées selon un communiqué de Galactic Energy. La start-up du New Space chinois avait radicalement accéléré la cadence de tir depuis juillet dernier, avec quatre vols depuis le 22 juillet inclus, dont le dernier tiré depuis une barge en mer.

Hyper-brèves :

  • Prévu le 3 octobre, l’essai à feu statique de 470 secondes du premier étage d’Ariane 6 à Kourou est reporté en raison d’une anomalie au niveau du moteur.
  • Le tir Vega VV24 est reporté d’un jour, dans la nuit du 4 au 5 octobre.
  • La start-up française Dark Space s’installe à l’aéroport de Mérignac pour l’avion-porteur de son futur micro-lanceur aérolargué.
  • Maia Space réussit un second test cryogénique de remplissage d’un prototype de réservoir de son lanceur.
  • Stoke Space fait bondir un prototype d’étage supérieur réutilisable.
  • Après Victus Nox avec Firefly, l’US Space Force signe un contrat de vol « responsive » avec ABL Space System.
  • La FAA propose une règle pour que les seconds étages de lanceurs ne restent pas en orbite utilisable plus de 25 ans après le vol.
  • SpaceX réutilise deux boosters pour la 17ème fois, un nouveau record.
17ème vol pour le B1058. (SpaceX)

Pleins feux sur l’orbite

AST Space Mobile réussit à connecter directement un téléphone ordinaire à son satellite

On connaît bien l’image du « téléphone satellite » équipé d’une antenne suffisamment grande pour pouvoir communiquer en passant par un satellite en orbite géostationnaire. Aujourd’hui, la marché du « direct to device » a pour but d’apporter la 5G directement à votre téléphone, peut importe où, et sans besoin d’équipement spécial. Test réussi pour AST Space Mobile, qui a pu apporter la 5G à un téléphone ordinaire à l’aide de son démonstrateur Bluewalker 3 en orbite basse. Cette démonstration fait suite à celle réalisée par Lynk en février 2022. Un panel de la World Satellite Business Week a estimé ce marché à un milliard de dollars d’ici 5 ans.

La FCC requiert un plus ample concertation avec les astronome sur le design des futurs constellations satellites

Bonne nouvelle : l’accord passé entre SpaceX et la National Space Foundation en janvier dernier n’est désormais plus une anomalie dans le système. La FCC, autorité fédérale qui accorde les licences aux opérateurs satellite aux Etats-Unis, leur demande désormais de discuter avec les astronomes pour que le design du satellite gêne le moins possible les observations, sans toutefois les contraindre. En effet, lors de la mise à jour de leur licence, Iceye et Planet ont tous deux reçu la recommandation d’en discuter avec le NSF. D’après ces derniers, SpaceX a réalisé des efforts notables pour réduite la magnitude. La NSF est également en plein travail avec Amazon pour les satellites Kuiper. D’ailleurs, les deux démonstrateurs devant décoller cette année feront des tests de brillance.

Hyper-brèves :

  • L’Espagne signe un accord avec l’ESA pour développer et opérer la constellation Atlantic, de 16 satellites d’imagerie. Le projet est porté avec le Portugal.
  • La start-up américaine de SSA True Anomaly signe un contrat de 17 M$ avec l’US Space Force.
  • Astroscale signe un contrat avec l’US Space Force pour une démonstration de refueling en orbite en 2026.
  • La Corée du sud investit 362 M$ pour développer une constellation de télécommunication en orbite basse.
  • Spire décroche un contrat de 2.8 M$ de la NOAA pour des données météo collectées par sa constellation de Cubesats Lemur.
  • La start-up turque Plan-S signe un contrat avec la start-up autrichienne Enpulsion pour équiper de petits propulseurs ionique sa constellation Connecta.
  • La start-up espagnole UARX s’associe avec l’industriel Sener pour le développement de son futur déployeur orbital OSSIE.
  • La start-up galloise SmallSpark réussit un essai à feu de son moteur satellite.
Test du prototype du propulseur satellite NEWT-A2. (SmallsPark Space Systems)

Le nouvel âge lunaire

Les avancées du rover privé américain MAPP

MAPP, pour Mobile Autonomous Prospecting Platform, est le bébé de la start-up américaine Lunar Outpost, qui depuis sa fondation en 2017, se lance dans l’économie lunaire. MAPP est censé partir d’ici la fin de l’année à bord de l’atterrisseur lunaire privé Nova-C d’Intuitive Machines. Le petit rover de 15 kg est censé récolter des échantillons de régolithe lunaire dans une région du pôle sud – toutefois sans que la mission ne puisse les rapporter sur Terre. MAPP avait passé avec succès sa revue critique de design de la Nasa en 2021. Aujourd’hui, les équipes du rover y intègrent les charges utiles. Parmi elles, on en compte trois du MIT : une caméra haute définition, un démonstrateur de micro-robot nommé AstroAunt censé pourvoir faire des mesures thermiques pour diagnostiquer un atterrisseur une fois posé, et une charge utile contenant des pensées et réflexions censées représenter l’Humanité. Parmi les autres charges utiles à bord de MAPP, on trouve un démonstrateur de diffusion de réseau 4G/TLE de Nokia.

Hyper-brèves :

  • Chandrayaan 3 ne s’est pas encore réveillé alors que le second jour lunaire (optionnel pour la mission) débute.
  • Sierra Space continue de tester son module gonflable de station orbitale LIFE, destiné à équiper la Lunar Gateway.
Test d’une version plus petite du module LIFE, équipé cette fois-ci d’une plaque métallique représentant une fenêtre. (Sierra Space)

Le vol habité de demain

La Hongrie se rapproche d’Axiom

La razzia européenne continue pour Axiom. Après la Suède, la Pologne, l’Italie, c’est au tour de la Hongrie de prévoir un embarquement. Le 20 septembre dernier, Axiom a signé un accord avec le Ministère hongrois des affaires étrangères et des échanges. Ce MOU a pour but de conduire à un contrat de vol avec Axiom pour faire voler un astronaute hongrois, sachant que ce dernier ne fera pas partie du corps de l’ESA, étant donné qu’aucun hongrois y a été sélectionné. Après la Turquie la semaine dernière, la Hongrie est le deuxième pays à faire un revirement vers Axiom, alors que le pays de 10 millions d’habitants se tournait vers la Russie en 2019.

Argo, cargo proposé par un consortium dirigé par RFA

Un consortium dirigé par Rocket Factory Augsburg a révélé un design de cargo de ravitaillement de station spatiale. Argo pèse 3.4 tonnes et dispose d’un volume pressurisé de 13 mètres cube. RFA compte lancer Argo avec son propre lanceur (qui n’existe pas encore). Le but ici est de répondre à la petite compétition proposée par l’ESA, la Commercial Cargo Transportation Initiative. La compétition se tient en trois phases, dont la première alloue 2 M€ aux sélectionnés.

Vue d’artiste d’Argo. (RFA)

Statistiques : en pleine accélération

Du 1er janvier au 31 août 2023 inclus en quelques statistiques :

  • 136 tirs, dont 7 échecs
  • 56 tirs Falcon 9
  • 38 tirs chinois
  • 2022 satellites déployés avec succès (missions NROL comptées comme une seule charge utile), dont 210 cubesats et 1339 Starlink.
NB titre : 31/08 et non 31/07)

Crédit image top : Rocket Lab

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