Les News du New Space

Décembre 2022 :  Fin d’une année d’amorçage

Bienvenue dans cette revue de presse du New Space ! Ici, nous balayerons les différentes nouvelles venant du New Space, et de l’écosystème spatial qui se crée et qui se réinvente. Encore une fois, une seule revue pour le mois de décembre, avec l’accent sur un bilan statistique.

2022 année d’amorçage ? C’est un peu l’ambiance dans laquelle on a baigné, du moins du côté européen. Aux Etats-Unis, les services de plusieurs acteurs du New Space sont devenus désormais concrets, voire stratégiques. En Europe, les levées de fonds ont atteint 1.9 milliard d’euros. C’est moins que 2021 (3 milliards), mais on note une part importante des levées en série B ou C, ces fameuses levées de fond en amorçage.

Récaputilatif des levées de fonds en Europe ces dernières années. (Space Tech)

Lanceurs : A l’affût des tirs inauguraux

Ce mois de décembre a été marqué par une activité riche en lanceurs légers, avec deux tirs inauguraux en Chine tandis que la Vega-C échoue à mettre en orbite deux satellites d’observation Pleiades Neo. Alors que les lanceurs européens actifs s’apprêtent à vivre un long passage à vide en 2023, les regards se tournent vers les arrivants, qui ont encore un long chemin de croix devant eux.

Landspace échoue au tir inaugural de la Zhuque-2

Le tir était très attendu dans le New Space chinois. C’était en effet le tout premier tir orbital privé chinois réalisé à l’aide d’ergols liquide, une étape significative dans la maturité de ces nouveaux acteurs. La concurrence (iSpace, Galactic Energy, etc.) prévoit des tirs semblables dans un futur proche. Les essais à feu des moteurs sont courants. En cas de succès, la Zhuque-2 aurait été également la toute première fusée à faire un vol orbital avec du méthane comme carburant.

Réalisé le 14 décembre depuis le Jiuquan Space Center, le tir Zhuque-2 s’est soldé par un échec, causant la perte des 11 petits satellites passagers de ce lanceur capable d’emporter 6 tonnes de charge utile en orbite basse. Le second étage serait en cause.

Décollage de la Zhuque-2 depuis le Jiuquan Space Center (China Aviation Review)

Retour en force des spin-off publiques China Rocket Ltd. et ExPace avec la Jielong 3 et la Kuaizhou 11

9 décembre, Mer Jaune, une fusée Jielong 3 à propulsion solide décolle depuis une plateforme mobile avec 14 petits satellites à bord, dont une série de satellites d’observations Jilin-1. Le succès du vol est remarquable : d’une part les tirs offshores sont rares mais en plus il inaugure à la fois la plateforme et le lanceur. Jielong 3 est une version 10 fois plus capable que sa petite sœur la Jielong 1 de la spin-off de la CASC China Rocket Ltd. : 1.5 T de charge utile en SSO.

L’essentiel des vols de la CASC (China Aerospace Science and Technology Corporation) monopolise les charges utiles étatiques. La CASC a créé China Rocket Ltd pour mieux atteindre le marché privé des petits satellites. C’est aussi une façon de faire concurrence à la CASIC, autre entité étatique qui dispose de la spin-off ExPace qui contrôle les tirs Kuaizhou, également à propulsion solide. Après un échec en juillet 2020, la Kuaizhou-11 a réalisé son premier succès le 7 décembre depuis le Jiuquan, avec un satellite de communication à bord de ce lanceur capable d’emporter 1 tonne de charge utile en orbite basse.

Course de tests moteurs dans le New Space français, Skyrora en difficultés

Petit cadeau de Noël : la start-up française Latitude basée a Reims a teasé le succès des premiers essais à feu. Ces derniers mois chez Latitude étaient sous le signe de grands progrès pour qualifier d’une part le banc de test (actuellement le plus mature du New Space français), et débuter d’autre part des essais de moteurs. De son côté, la start-up francilienne Opus Aerospace a dévoilé des tests précédents de futurs tests de mise à feu.

Outre-Manche, en Ecosse, la compagnie Skyrora essuie de nombreux revers. D’une part il y a le départ surprise du COO (Chief Operations Officer – DG adjoint), un ancien cadre de SpaceX. Skyrora est également marqué par l’échec du tir suborbital de démonstrateur Skylark L le 8 octobre dernier.

Pleins feux sur l’orbite basse

Près de 2500 satellites envoyés dans l’espace en 2022, année de tous les records. 2023 s’annonce explosive maintenant que le déploiement des satellites OneWeb a repris. Certes, il repose sur la disponibilité des Falcon 9, mais SpaceX envisage 100 tirs cette année. Cette dernière vient d’ailleurs de débuter le déploiement de Starlink de seconde génération.

Anywaves lève 3 millions d’euros

Basée à Toulouse, la start-up toulousaine spécialisée dans la fourniture d’antenne embarquée a réussi à lever 3 millions d’euros de fonds privés. La start-up compte désormais installer un bureau aux Etats-Unis à la conquête de nouveaux clients. L’équipementier fournit des antennes pour les plateformes satellites de Loft Orbital (compagnie américaine qui tient aussi des bureaux à Toulouse). Anywaves équipe aussi la constellation satellite d’internet des objets du français Kineis.

Exemple d’antenne d’Anywaves équipant un satellite Kineis (maquette, photo Daniel Chrétien / Spacekiwi)

Sélection de 5 projets français de surveillance de l’espace

Le plan France2030 continue sa sélection de lauréats pour son côté spatial, auquel 1.5 milliards d’euros sont consacrés. Le volet ‘’surveillance de l’espace’’ a pour objectif de financer des démonstrateurs de solutions de surveillance du trafic spatial. Cinq projets ont été retenus pour une première phase de démonstration, une seconde sélection parmi eux viendra plus tard pour un service opérationnel.

Les cinq projets retenus lient des acteurs classiques au New Space français. Ces alliances montrent la progressive intégration de ces nouveaux acteurs dans l’écosystème. Parmi les projets retenus, on a un service reposant sur un réseau de télescopes de la start-up ShareMySpace, avec CS Group et l’ONERA. On a aussi le projet de microsatellite de surveillance proposé par U-Space et Airbus Defence & Space.

Bonus : mon intervention sur Bsmart à ce sujet.

Une plateforme pour prédire les interférences RF entre opérateurs satellite

Cela fait partie de la problématique de surveillance du trafic spatial : les interférences radio entre satellites ou entre satellites et antennes au sol. La population de satellite présente dans l’espace continue de croître : plus de 7500 actifs à la fin 2022, plus de 20 000 d’ici 5 ans. Les interférences vont devenir un vrai problème d’ici peu alors la start-up canadienne Magnestar propose une plateforme pour les anticiper, basée sur une cartographie de toutes les voies de communication entre la Terre et l’espace.

Les opérateurs déploient de plus en plus de réseaux d’antennes, comme Kineis qui a fini d’installer une station sol en Guyane courant décembre.

La peine du recrutement dans la filière aérospatiale dans le sud-ouest

Le rapport de l’INSEE est alarmant : 8 entreprises sur 10 n’arrivent pas à recruter. On compte près de 110 000 employés dans la filière dans le sud-ouest (80 000 salariés en Occitanie). Mais l’essor semble trop rapide aujourd’hui. Les écoles d’ingénieurs ne produisent pas assez de main d’œuvre. On retrouve cette tendance dans beaucoup de pays où l’écosystème spatial se développe rapidement : on recrute beaucoup et les profils expérimentés sont fortement chassés !

Statistiques : une année folle !

Quelle année 2022 ! Pulvérisant tous les records, en voici quelques statistiques :

  • 186 tirs, dont 8 échecs
  • 60 tirs Falcon 9
  • 64 tirs chinois
  • 2460 satellites déployés avec succès (missions NROL comptées comme une seule charge utile), dont 220 cubesats et 1730 Starlink.

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