Octobre 2022 : Reprise en mode Newsletter
Bienvenue dans cette revue de presse du New Space ! Ici, nous balayerons les différentes nouvelles venant du New Space, et de l’écosystème spatial qui se crée et qui se réinvente. Après une coupure de quatre mois à cause de l’été et de nombreux déplacements (Paris, IAC, CSG, etc.), c’est le retour des News du New Space, au format Newsletter. Bonne lecture !
Lanceurs : la course pour survivre
C’est la question qui se pose souvent : celle de la solvabilité des lanceurs. Les stratégies ne sont pas les mêmes pour assurer la rentabilité d’une Falcon 9 réutilisable, ou celle d’un micro-lanceur. Au fil des ans, ça se précise. Plus de 12 ans après le premier vol Falcon 9, SpaceX est en train de pulvériser les cadences : 43 vols réalisés au cours des trois premiers trimestres de l’année. SpaceX vise 60 vols à la fin de l’année, puis 100 vols par an après.
Premier succès pour Alpha
1er octobre à 9h01 heure française, la fusée Alpha décolle du spatioport californien de Vandenberg. La fusée de Firefly Aerospace atteint l’orbite basse à 300 km d’altitude et réussit à livrer une huitaine de nanosatellites et picosatellites. Ce succès ouvre la course au marché des mini-lanceurs privés, en concurrence avec la gamme Vega. Alpha peut emporter en orbite basse jusqu’à 1170 kg de charge utile.

Rocket Lab passe le cap du 30ème vol Electron
15 septembre, Rocket Lab réussit à faire décoller sa fusée Electron pour la 30ème fois. La micro-fusée a décollé de Mahia Peninsula en Nouvelle Zélande et mis en orbite basse le satellite StriX 1, premier élément opérationnel de la constellation d’imagerie radar-SAR japonaise de Synspective. Depuis le premier vol en 2017, les objectifs de cadence de l’Electron se sont réduits à près de 18 vols par an (et non plus l’ubuesque objectif de 120 vols promis en 2017).
Rocket Lab a également réussi à requalifier au vol un moteur Rutherford ayant déjà volé, faisant partie de l’étage – presque – récupéré en hélicoptère. Le CEO Peter Beck a également donné quelques nouvelles informations au sujet du développement de la future Neutron, avec notamment l’annonce que les tests du moteurs principal Archimedes auront lieu au Stennis Space Center de la NASA.
Tests moteurs en série
On commence en Espagne avec PLDSpace qui a qualifié au vol son démonstrateur Miura-1 après une série de mises à feu durant l’entièreté de la mission. C’était la dernière étape avant le tir suborbital. Côté français, c’est la start-up HyPrSpace qui réussit un allumage de son moteur à tuyère aerospike. Côté américain, on note les premiers essais moteur de la Rocket 4 divulgués par Astra, faisant suite à l’abandon de la Rocket 3, trop marquée par ses échecs. Enfin, côté chinois, la start-up Linkspace sort du silence et révèle le test d’un nouveau moteur Méthane/LOX nommé Storm 5A, qui équipera son démonstrateur RLV-T6, jalon avant de passer à la future fusée réutilisable NewLine.
Levées de fonds et partenariat insolite
Les levées de fonds ne semblent pas connaître la crise. En Inde, la start-up Skyroot Aerospace lève plus de 50 M$ en série B pour financer les premiers vols de leur lanceur Vikram-1, qui sera probablement le tout premier lanceur privé indien à décoller. L’autre levée de fonds récent notable est celle de l’insolite Spinlaunch, et sa catapulte à micro-fusée : 71 M$. Le partenariat insolite vient de Reims, ou Latitude (ex-Venture Orbital Systems) qui signe un MoU pour potentiellement utiliser les dirigeables de la start-up Flying Whales pour transporter son micro-lanceur Zéphyr de l’usine à Reims, jusqu’au pas de tir à SaxaVord dans les Iles Shetlands. Le chantier des différents pas de tirs a d’ailleurs l’air de bien avancer, alors que le spatioport concurrent canadien Nova Scotia, vient d’avoir le feu vert pour commencer son chantier.

Pleins feux sur l’orbite basse
Une avancée résonne dans les esprits : vers un futur règlement américain ? La Vice-présidente des Etats-Unis Kamala Harris a souligné cet été l’obsolescence de la régulation américaine. Sept semaines plus tard, la FCC propose un nouveau règlement pour réduire le temps de désorbitation d’un satellite en fin de mission en orbite basse de 25 ans à seulement 5 ans.
Starlink en Antarctique
Après les démonstrations à Tonga ou en Ukraine, SpaceX continue de déployer sa mégaconstellation : déjà plus de 3500 unités déployées, dont près de 1500 rien qu’en 2022. Parmi les rares passagers secondaires de ces vols Starlink, on note le déploiement du prototype Bluewalker-3 d’AST Space Mobile, un service concurrent à SpaceX. Outre les contrats avec les compagnies de croisière, on peut désormais tester la connexion depuis la base McMurdo en Antarctique.
Une nouvelle constellation pour Planet
Après l’annonce de la constellation Pelican il y a quelques mois, Planet souhaite étendre son service d’imagerie en incluant une future constellation nommée Tanager, dédiée à l’imagerie hyperspectrale. Les deux prototypes de seront lancés en 2023, d’après la compagnie. Tanager devrait pouvoir collecter 420 bandes de spectres.
Les avancées du New Space français
La grosse annonce provient de la start-up de propulsion satellite francilienne ThrustMe, qui a livré 7 systèmes de propulsion de cubesat à la compagnie américaine Spire pour sa constellation de gestion de trafic maritime Lemur. Toujours dans le trafic maritime, la start-up bretonne UnseenLabs, spécialisée dans le repérage de navires ayant coupé leur signal AIS, continue de commander ses cubesats à GOMSpace et s’associe à Ursa Space pour traquer des navires de pêche illégaux. Enfin, on note une levée de fonds importante à Toulouse avec U-Space, start-up qui construit et opère des cubesats : 7 M€.

La foi des politiques en l’économie spatiale
Le Congrès International d’Astronautique de Paris a reçu plusieurs visites de personnalités politiques : Valérie Pécresse, Jean-Luc Mélenchon, Sylvie Retailleau (ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche). Le point d’orgue a été avec la Première Ministre Elisabeth Borne, annonçant que l’investissement du gouvernement français dans le spatial ces trois prochaines années dépassera les 9 milliards d’euros, soit 25% de plus que les trois années précédentes (l’investissement inclus notamment la contribution française à l’ESA, le militaire et les 1.5 Md€ de France Relance).
Suivant la vision détaillée par Emmanuel Macron au Space Summit, l’ESA va demander une augmentation de 25% de son budget à la ministérielle de novembre. Cela suit d’une part la hausse des coûts généraux suite à l’inflation mais traduit aussi une volonté de rester dans le train. En effet, Euroconsult suppose que le les revenus des services de satellites de communication devraient atteindre 1200 Md$ à la prochaine décennie tandis que l’Insee compte 1704 sociétés appartenant à la filière spatiale, employant 33 20 salariés en 2020 en France, dont une soixantaine de pure players.

Statistiques (30 septembre 2022)
Depuis le 1er janvier 2022 :
- 124 tirs, dont 43 Falcon 9 et 41 tirs chinois
- 2000 satellites déployés avec succès (missions NROL comptées comme une seule charge utile), dont 185 cubesats et 1456 Starlink.

Crédit photo top : Michel Baylor / NASA Spaceflight