Les News du New Space [2]

Mi-février 2022 : restructuration !

Bienvenue dans cette revue de presse ! C’est un nouveau format d’article où je choisirai quelques actualités parmi les plus intéressantes dans le monde du New Space en 2022. Et quelle année, quelle ère ! je pensais d’abord réaliser cette revue de presse mensuellement mais l’actu est tellement dense qu’il vaut mieux doubler la cadence !

Pour comprendre un peu pourquoi il est si important de s’intéresser à tous ces nouveaux acteurs du spatial, vous pouvez faire un tour au bilan de 2021 sur le blog.

La fusée Rocket 3 sur son pas de tir le 10 février à Cap Canaveral, attendant son envol. Spoil : l’histoire ne s’est pas bien terminé. (Astra / John Kraus)

Astra : dans une mauvaise série

Coup dur pour la compagnie américaine qui échoue une nouvelle fois à atteindre l’orbite avec sa fusée Rocket 3. Le tir a eu lieu le 10 février depuis Cap Canaveral. C’était la sixième tentative orbitale, et seule la précédente était un succès. Nouvel échec pour Astra Space mais cette fois, ce sont des vraies charges utiles qui ont été perdues. Même s’il s’agissait d’un vol test pour la NASA, les passagers étaient des trois cubesats universitaires et un de l’agence. Le vol a été sponsorisé par la NASA dans le cadre du programme ELaNa.

Astra Space continue donc son chemin de croix vers la confiance, tout en circulant entre les démêlés judiciaires et les fluctuations boursières. La compagnie est devenue une licorne en valant plus d’un milliard de dollars, essentiellement grâce aux investissements privés monstres et à la seule confiance du Pentagone qui a besoin de micro-lanceurs complémentaires à l’Electron de Rocket Lab ou encore à la LauncherOne de Virgin Orbit. Astra Space rêve un jour de concurrencer SpaceX sur les prix, mais la première étape (atteindre l’orbite) n’est pas vraiment franchie.

Formidable levée de fonds pour ICEYE, signe d’un coup de boost pour l’imagerie SAR

C’est un fleuron qui devient une des compagnies les mieux financées d’Europe. ICEYE vient de lever 136 millions de dollars en série D. Le tour a été dirigé par l’investisseur Seraphim Space, connu pour investir dans de nombreuses start-ups du New Space. Au total aujourd’hui, ICEYE a levé 304 M$, devenant une des start-ups les plus financées. Elle a été fondée en Finlande et s’est étendue aux Etats-Unis. La compagnie a déjà envoyé une quinzaine de satellites de sa constellation, le dernier à bord du vol Transporter-3 de SpaceX le 13 janvier dernier, à destination de l’orbite héliosynchrone. ICEYE prévoit d’en envoyer une dizaine en 2022.

ICEYE est spécialisée dans l’imagerie terrestre par SAR (Synthetic Aperture Radar = radar à synthèse d’ouverture). L’imagerie radar permet de voir à travers la nuit ou les nuages, ce type d’imagerie est nécessaire pour couvrir une zone en tout temps. A la différence de l’imagerie radar traditionnelle, la technologie SAR permet de réaliser un traitement pour affiner l’ouverture de l’antenne. Cela permet d’utiliser une antenne plus petite, idéal quand on doit minimiser le plus possible la masse de la charge utile du satellite. Ainsi un satellite de la constellation SAR d’ICEYE pèse moins de 100 kg pour une résolution azimutale de moins de 25 cm !

ICEYE est en train de déployer une constellation SAR de plus de 25 satellites d’imagerie en bande X. Ce type de service est devenu capital pour l’observation de la Terre en général. L’ESA a inclus ICEYE comme partenaire en 2018 pour compléter les images provenant des satellites Sentinel. La technologie SAR a bien évidemment des applications dans le domaine militaire. Depuis quelques années, plusieurs start-ups du New Space se sont emparées de ce service (Synspective, Capella Space, etc.).

Le supercargo Evergiven immortalisé par imagerie SAR par ICEYE. On voit la remarquable résolution de ce genre d’image grâce à cette nouvelle technologie. (ICEYE)

Libération mondiale du portefeuille pour alimenter le New Space

Le New Space ne connaît pas la crise. Peu importe la puissance spatiale où vous vous trouvez, l’argent coule à flot pour ces start-ups et les levées de fonds sont massives. ICEYE n’est qu’un exemple parmi toutes les levées de fonds, devenues quotidiennes, battant des records partout sur la planète. Les formidables levées de fonds ont commencé il y a quelques années en Chine et aux Etats-Unis.

Aux Etats-Unis, le financement à outrance des start-ups a conduit à certaines situations absurdes : des compagnies de lancement devenues des licornes sans jamais avoir décollé du sol, des entrées en bourses sans aucune démonstration de faisabilité. Résultats : les entrées en bourses restent modestes et les actions ne décollent pas. Pire, on peut soupçonner une certaine méconnaissance des actionnaires. Quand on voit les réactions du Nasdaq suite à l’échec du tir LV0008 d’Astra, il est clair que la réalité du ‘’Space is Hard’’ n’est pas encore complètement intégrée. Cependant, les déboires en bourses n’affectent en rien l’investissement privé. En effet, lors du Smallsat Symposium, les compagnies se sont montrées sereines.

Dans le Vieux Continent, on constate une accélération des investissements privés dans le New Space, y compris en ce début d’année. Le discours était clair lors du Space Summit le 16 février à Toulouse, Emmanuel Macron, dans le cadre de la présidence française de l’Union Européenne, est venu détailler la stratégie : devenir leader. Cela passe par un nouveau programme de vol habité mais aussi sur une future mégaconstellation satellite internet à laquelle participeront différents acteurs du New Space européen.

Etat du financement des start-ups de lancement en Europe. On voit d’une part qu’lles sont nombreuses (et encore elles ne sont pas toutes présentes) mais que certaines d’entre elles sont parvenues a lever pas mal de fonds, et ce n’est que le début. (Andrew Partonson Europeanspaceflight)

Côté chinois, il pleut de l’argent privé, on pourrait même dire qu’il drache ! Dernier exemple notable : la start-up Galactic Energy, connue pour son micro-lanceur à propulsion solide Ceres, a sécurisé 200 M$ en janvier. Les levées de fonds restent néanmoins concentrées dans le domaine des lanceurs. C’est certes là où on est le plus gourmand, mais l’industrie satellite privée et le domaine des applications reste plus faiblement soutenu. Par conséquent, s’il pleut des investissements, les contrats restent rares. Même si tout est maîtrisé par l’Etat, les contrats publics et militaire restent l’exclusivité de la CASC, filiale du ministère, qui conserve sa suprématie dans les lancements (plus de 50 vols Long March prévus en 2022) et dans la fabrication satellite.

En Inde que les financements privés, encore un peu modestes, commencent à bondir. On est passé de 22.5 M$ en 2020 à 67.2 M$ en 2021, soit un bond de 200%. Parmi les bénéficiaires, Pixxel, qui sera la start-up à envoyer le tout premier satellite indien privé de l’histoire, mais aussi les start-ups de lancement Agnikul et Skyroot.

Plus précisément côté français, dans le cadre du plan France 2030, on passe par l’étape de la structuration du New Space. La mission a été confié par Bruno le Maire à sept start-ups. En effet, il y a beaucoup à faire, et encore la cartographie ne montre qu’une partie des acteurs du New Space français. (Aravind / Terrawatch)

En bref

Starlink : SpaceX perd une première bataille face au Soleil

Notre étoile est capable de se montrer agressive. Quand l’activité augmente, la surface éjecte de plus en plus de matière et parfois le flux de particule atteignant la Terre est dangereux pour les satellites. Faisant fi des avertissements des scientifiques, SpaceX a décidé de placer 49 nouveaux satellites Starlink le 3 février. Mais les satellites sont passés en mode survie suite à un orage magnétique alors qu’ils étaient encore en orbite de transfert à 210 km d’altitude. Seuls 9 ont pu en revenir à temps. Les 40 autres ne se sont jamais réveillés et ont plongé dans l’atmosphère. Cette perte reste anecdotique pour SpaceX, qui a lancé plus de 2000 Starlink. La NASA en a profité pour exprimer ses inquiétudes au sujet de la mégaconstellation.

Un pas de tir australien pour RFA

Le 10 février la compagnie allemande Rocket Factory Augsburg et la compagnie Southern Launch ont signé un partenariat pour pouvoir lancer la future RFA One depuis le sud de l’Australie. Le site, géré par la compagnie australienne permet plus de flexibilité de lancements et se trouve beaucoup plus près de l’équateur que le futur pas de tir à Andoya (Norvège). Le futur lanceur léger de RFA pourra emporter jusqu’à 1350 kg de charge utile en orbite basse.

Une mégaconstellation de 300 000 satellites

En septembre, on découvrit avec surprise que le Rwanda avait déposé un projet de mégaconstellation de comsats auprès de l’ITU, la filiale de l’ONU dédiée aux télécommunications. Ce si petit pays au cœur de l’Afrique propose une constellation de 300 000 satellites ! Derrière ce projet absurde, se trouve la start-up E-Space, fondée par Greg Wyler, ancien fondateur de OneWeb, et de O3b (réseau satellite aujourd’hui géré par SES). La compagnie a aujourd’hui le vent en poupe avec la levée de 50 M$ pour financer deux lancements tests prévus cette année. La production des satellites est prévue pour 2023.

Les plans lunaires d’un ancien DG de la NASA

 La start-up Quantum Space, fondée par l’ancien directeur par intérim de la NASA Steve Jurczyk, se lance dans le développement de plateformes pour des véhicules robotiques destinés à des missions lunaires. Dans le cadre du programme Artemis, la NASA demande au privé, de participer au soutien technique et à la réalisation de plusieurs missions robotiques sponsorisées par l’agence.

Nouvelles identité pour Rocket Lab

Fini l’atome où s’entremêlaient les électrons et les neutrons. Le logo créé par Peter Beck pendant un vol en avion a finalement été remplacé par un nouveau beaucoup plus travaillé. Au-delà d’un changement de look, cela témoigne-t-il de la fin symbolique de l’ère artisanale chez Rocket Lab ?

Le nouveau logo de Rocket Lab

Ouverture : le cubesat, toujours un modèle d’avenir ?

Si je reste persuadé, comme beaucoup, que le cubesat est une véritable révolution dans l’accès à l’espace (encore plus forte que les prix cassés de SpaceX), une nouvelle tendance se fait jour. Lors du Smallsat Symposium, plusieurs compagnies disent se tourner vers d’autres modèles moins contraignants que celui du cubesat. Le modèle cubesat a énormément aidé à la miniaturisation, mais n’était-il qu’une transition vers une nouvelle génération de satellites ?

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